Xavier Moreau, un Français installé à Moscou, est l'une des douze personnalités récemment sanctionnées par l'Union européenne en raison de son implication dans la diffusion de la propagande russe. Âgé de 54 ans, cet ancien militaire franco-russe incarne depuis des années une voix pro-Kremlin destinée à un public français. Le Quai d'Orsay le désigne comme « porte-parole de la propagande russe » en France.
Depuis le 15 décembre, ces sanctions restreignent ses déplacements au sein de l'UE et gelant ses avoirs dans ses pays membres, suite à ses allégations d'implication dans des activités de déstabilisation. Selon des rapports, Moreau a relégué un précédent statut d’immunité, devenu vulnérable aux actions légales en France.
Sur son compte X, il exprime un défi contre ces accusations, se présentant comme un simple époux d’une citoyenne russe, et un père de famille témoin des réalités du régime en Russie. C’est un homme qui, au fil du temps, s’est rapproché de milieux identitaires d’extrême droite.
Diplômé de l’académie militaire de Saint-Cyr, Moreau a également obtenu un DEA en relations internationales à la Sorbonne, se concentrant sur les relations soviéto-yougoslaves. Après une carrière militaire, il commence à travailler dans la sécurité privée en Russie, fondant sa propre société, Sokol.
En 2014, il établit le site Stratpol, dont les analyses politiques sont souvent teintées de propagande prorusse. Par exemple, il présente la révolution ukrainienne de Maïdan comme un coup d'État orchestré par les États-Unis, dénonçant les actions ukrainiennes sous des termes comme « ukronazis ». Son livre paru en 2015, *Ukraine : pourquoi la France s’est trompée*, fut préfacé par le député eurocritique Thierry Mariani.
Les opinions extrêmes qu’il exprime lui ont valu l'attention du gouvernement français, qui le surveille depuis plusieurs années, particulièrement lors de l’annexion de la Crimée et des manifestations des Gilets Jaunes. En 2018, il se fait remarquer en brandissant le drapeau des régions séparatistes du Donbass lors d'une manifestation à Paris.
Dans le contexte actuel de tensions continues entre la Russie et l'Ukraine, Moreau n'a pas hésité à affirmer en 2022 que l'Ukraine aurait « orchestré sa propre invasion ». En septembre 2022, il a même été désigné comme observateur pour les référendums d’annexion dans plusieurs régions occupées.
Les critiques s’intensifient contre lui, certains experts de la Russie allant jusqu'à le qualifier de « pont entre l’extrême droite française et la propagande russe ». En raison des actions conduites sur ses chaînes de médias sociaux, qui incitaient à la haine, sa chaîne YouTube a été fermée, le poussant vers des plateformes alternatives comme Rumble.
Finalement, selon le Quai d'Orsay, Moreau gérerait également de multiples faux sites d'actualités, un point souligné par Maxime Audinet, chercheur à l'IRSEM, qui souligne l'importance croissante de ce personnage dans le paysage médiatique pro-russe en France.







