Paris (France) – "Vétérinaires = assassins", et des cliniques annotées avec des slogans tels que "vétos = collabos" illustrent le climat de tension qui règne actuellement. David Quint, président du Syndicat national des vétérinaires libéraux, témoigne de l'angoisse qui étreint la profession, se retrouvant sur la ligne de front dans la lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
Ces derniers jours, des éleveurs, en colère contre le nécessaire abattage des bovins atteints de la DNC, ont détourné leur frustration vers les vétérinaires, chargés de cette tâche difficile. Une vétérinaire, exerçant anonymement en Savoie, a partagé une expérience troublante : "Ils ont tenté de briser ma vitre de voiture. C'était terrifiant". Elle raconte comment, lors d'une mission d'abattage, son équipe a été bloquée par des véhicules, se faisant interpeller sur leur fierté à accomplir une telle tâche.
Jean-Yves Gauchot, président de la Fédération des syndicats vétérinaires, a exprimé son désarroi, disant : "Nous sommes pris au piège entre la souffrance des agriculteurs et notre devoir professionnel". La situation a escaladé au point où Gauchot a même reçu des menaces de mort après une intervention médiatique sur BFMTV.
Une enquête a été ouverte par le parquet de Bergerac suite à sa plainte. "C'est inacceptable" a déclaré David Quint lors d'une conférence de presse. Le climat de méfiance se renforce, exacerbé par le choix gouvernemental d'imposer l'abattage des troupeaux dès qu'un cas de DNC est détecté.
Un appel à la prudence
Jacques Guérin, président du Conseil national de l'Ordre des vétérinaires, a mis en garde : "Si la pression continue à augmenter, nous risquons de manquer de vétérinaires". Il a encouragé ses confrères à faire usage de leur droit de retrait si leur sécurité est compromise, une position que l'Ordre soutien avec précaution.
La surenchère de propos complotistes et de menaces a un impact néfaste sur le moral de la profession. "C'est inadmissible de s'en prendre aux vétérinaires", a commenté Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne, pointant du doigt le ministère de l'Agriculture comme source de cette ambiance délétère.
Les syndicats de l'agriculture, bien que confrontés à leur propre détresse, condamnent ces menaces. François Walraet, secrétaire général de la Coordination rurale, a aussi exprimé sa solidarité : "Les vétérinaires sont nos partenaires dans cette lutte; ce n'est pas vers eux que doivent se tourner nos frustrations".
Alors que la crise persiste, des voix au sein de la profession se montrent favorables aux actions envisagées pour éradiquer la DNC. Selon Stéphanie Philizot, présidente de l'association de vétérinaires SNGTV, les mesures en vigueur sont cruciales pour contrôler un virus redoutable pour le cheptel.







