Les discussions promettent d'être tendues ce jeudi à Bruxelles, alors que les dirigeants de l'Union européenne s'efforcent de s'accorder sur un plan d'aide financière de 90 milliards d'euros à destination de l'Ukraine pour 2026 et 2027. La principale suggestion de la Commission européenne consiste à envisager un prêt garanti par les avoirs russes gelés, une idée qui ne fait cependant pas l'unanimité parmi les États membres, la Belgique exprimant de vives réserves.
Depuis le début de l'invasion russe en février 2022, plus de quatre ans se sont écoulés et les combats se poursuivent sur le territoire ukrainien, laissant des villes et villages complètement ravagés. Selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), les besoins d'urgence de l'Ukraine s'élèvent à 135 milliards d'euros dans les deux prochaines années, tandis que l'UE s'engage à fournir près de 90 milliards d'euros. L'objectif est clair : deux tiers de cette somme seront destinés à des efforts militaires, et un tiers au soutien civil. « Nous connaissons l'urgence de la situation », a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, rappelant l'importance cruciale d'agir rapidement.
La présidence française a souligné que la proposition de prêt adossé aux actifs russes gelés est celle qui est actuellement la plus favorable. Actuellement, environ 210 milliards d'euros de la Banque centrale russe sont sous contrôle de l'UE en raison des sanctions imposées à Moscou. Toutefois, la France a clairement indiqué son intention de ne pas toucher aux avoirs russes situés dans des banques commerciales.
Une autre option, celle d'un emprunt garanti par l'UE elle-même, a déjà été écartée en raison de l'opposition de certains pays, notamment l'Allemagne et la Hongrie. Cela pose un défi de taille, car tout dispositif financier doit obtenir l'unanimité des Vingt-Sept pour être mis en place.
Pour le secteur européen, l'idéal serait d'utiliser les avoirs russes, une démarche qui préserve le contribuable européen, alors que la rigueur budgétaire impose des contraintes dans de nombreux États. « C'est une idée juste et raisonnable », argue Volodymyr Zelensky, le président ukrainien. Cependant, des voix s'élèvent également contre les risques juridiques que cela pourrait engendrer, notamment de possibles actions en justice de la part de Moscou. Le Premier ministre belge, Bart De Wever, a exprimé son inquiétude quant aux répercussions que cela pourrait avoir sur son pays, qui abrite une partie significative de ces avoirs.
La Banque centrale européenne (BCE), sous la houlette de Christine Lagarde, met elle aussi en garde contre les effets potentiellement déstabilisants pour l'euro et pour les marchés financiers.
Les dirigeants européens sont placés dans une position délicate. Ils cherchent à montrer leur soutien à l'Ukraine tout en envoyant un message clair à la Russie sur leur détermination à utiliser tous les moyens à leur disposition pour mettre fin au conflit. Dans ce contexte délicat, le chancelier allemand Friedrich Merz a affirmé que « l'enjeu est de faire comprendre à la Russie que nous agirons pour mettre fin à cette guerre le plus rapidement possible ».
Toutefois, la capacité d'arriver à un consensus reste incertaine. Les échanges sont déjà décrits comme « de plus en plus difficiles » par la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, qui se veut néanmoins optimiste quant à l'aboutissement d'une solution.







