Les discussions autour de l'accord commercial entre l'Union européenne et les pays du Mercosur, qui regroupe le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay, battent leur plein ce jeudi à Bruxelles. Initialement annoncé pour être signé lors d'un sommet au Brésil, l'accord cristallise les tensions, notamment chez les agriculteurs français, qui craignent pour leur avenir.
Ce traité, qui vise à faciliter les échanges commerciaux en supprimant la majorité des droits de douane, pourrait offrir de nouveaux débouchés aux entreprises des deux blocs, représentant au total près de 720 millions de consommateurs. Du côté européen, des secteurs comme l’automobile, les machines, ainsi que de nombreux aliments tels que le chocolat ou l'huile d'olive, espèrent profiter de l’ouverture. À l’inverse, le marché agroalimentaire sud-américain risque de se heurter aux standards stricts de l’UE, suscitant des inquiétudes parmi les producteurs locaux.
Les inquiétudes des agriculteurs s’intensifient, et des milliers de manifestants sont attendus à Bruxelles, rassemblant jusqu'à 10 000 personnes. Selon Eurostat, les exportations agricoles des pays du Mercosur vers l'UE ont atteint 23,3 milliards de dollars en 2024, renforçant les craintes d'une concurrence jugée déloyale. Les éleveurs français, en particulier, s’inquiètent des quotas de viande bovine, qui pourraient les rendre vulnérables face à des normes environnementales et de sécurité alimentaire moins strictes chez leurs concurrents sud-américains.
En réponse à ces préoccupations, la Commission européenne propose des mesures de protection, y compris un suivi des produits sensibles et la possibilité de réintroduire des droits de douane si nécessaire. Toutefois, les discussions sur les détails de ces protections sont encore en cours, rendant la situation incertaine.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, espère une signature imminente, mais elle doit également obtenir le soutien des États membres, notamment de Franck et d’Italie, qui plaident pour un report. Emmanuel Macron, président français, a exprimé des réserves sur les garanties offertes aux agriculteurs locaux, tandis que Giorgia Meloni, première ministre italienne, a jugé la situation précoce pour une approbation.
De son côté, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva appelle à la responsabilité des dirigeants européens, avertissant que le non accord pourrait avoir des conséquences diplomatiques. Alors que le débat s'intensifie, le sort de cet accord, après 25 ans de négociations, demeure suspendu à ces discussions cruciales.







