Au cœur des débats sur la régulation audiovisuelle, la question du pluralisme se pose avec acuité. Jean-Éric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel, s'interroge sur les implications de la régulation qui, sous couvert de pluralisme, impose aux chaînes privées une forme de neutralité souvent comparée à celle du service public. Cette évolution pourrait compromettre la liberté éditoriale des médias privés.
Le principe même de la libre communication est en jeu. Est-il raisonnable de restreindre la diversité des opinions dans les médias au nom du pluralisme ? L'État a toujours soutenu que le pluralisme « interne » ne s'applique qu'en cas de rareté des ressources. Cependant, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) remet cette doctrine en question, selon un arrêt en date du 13 février 2024, estimant nécessaire de contrôler l'équilibre des voix exprimées sur les chaînes, même à travers les chroniques et débats.
Cette intervention soulève un paradoxe : alors que la liberté d'expression est censée être un pilier de la démocratie, la régulation pourrait favoriser un monopole des idées considérées comme acceptables. Plusieurs experts, comme ceux cités dans Le Monde, s'alarment de cette tendance, arguant que la différence de traitement entre presse écrite et audiovisuel pose question. Pourquoi les médias d'opinion devraient-ils se concentrer uniquement dans la presse écrite, tandis que les chaînes de télévision doivent s'exercer à un pluralisme de façade ?
L'émergence de la télévision numérique terrestre et l'augmentation des canaux disponibles rendent l'argument de rareté obsolète. Les chaînes privées devraient pouvoir afficher leurs lignes éditoriales, sans être soumises à des verrous normatifs dictés par un cadre qui se veut inclusif. En effet, il semble que les gardiens de la bien-pensance, face à une diversification des opinions sur les ondes, tentent de reprendre le contrôle.
En somme, la question demeure : la régulation actuelle n'est-elle pas, d'une certaine manière, une défense d'un ordre établi face à l'émergence de nouvelles voix ? Si des médias comme CNews sont entachés d'une censure induite par la régulation, ne serait-il pas légitime de se demander si l'égalité des opinions est véritablement respectée ? Les urgences de l'information doivent permettre une variété de points de vue, sans limite imposée, tant que l'honnêteté et la déontologie sont respectées, comme le souligne la loi du 30 septembre 1986.







