Ce lundi, TotalEnergies a officialisé une nouvelle étape majeure en lançant la cotation de ses actions ordinaires à New York, permettant désormais un échange fluide entre Paris et le NYSE. Cette décision s'inscrit dans une tendance qui souligne l'importance croissante de la finance nord-américaine, représentant plus de la moitié de son actionnariat institutionnel.
Il y a quelques mois, cette idée avait provoqué des inquiétudes au sein de l'entreprise. Mais, loin d'une délocalisation de son siège social ou d'un retrait du CAC 40, ce déplacement se veut un « pivot boursier ». À la différence d’une migration totale, la transformation des ADR (American Depositary Receipts) en actions ordinaires symbolise une rupture stratégique, approuvée par le conseil d'administration en septembre dernier.
Sur le marché américain : une nouvelle dynamique
Ce changement, qui pourrait sembler purement technique, reflète la fatigue d'un acteur pétrolier face à un continent, l'Europe, qui impose des exigences environnementales de plus en plus strictes. Alors que les grandes entreprises américaines comme ExxonMobil ou Chevron poursuivent une stratégie plus pragmatique et rentable, TotalEnergies se débat avec les rigidités de l'activisme climatique en Europe.
La réalité est que, d’ici la fin du deuxième trimestre 2025, 50 % de l'actionnariat institutionnel de TotalEnergies proviendra d'Amérique du Nord, soulignant un changement significatif dans la composition de ses investisseurs. Comme l'indique une étude de Le Monde, les investisseurs européens semblent de moins en moins enthousiastes vis-à-vis des projets liés aux énergies fossiles.
Accroître l'attractivité du titre
Patrick Pouyanné, le PDG, avait noté que les acheteurs américains étaient plus enclins à investir dans les actions de TotalEnergies, contrairement à leurs homologues européens, soumis à des normes d'investissement durables plus strictes. La recentralisation de la cotation vise à « accroître la liquidité » de l'action, tout en la rendant plus séduisante pour les investisseurs américains. Dans un contexte où l'écart entre les valorisations boursières des entreprises européennes et américaines s'élargit, ce mouvement a pour but de relâcher la pression sur la « décote » dont souffre l'entreprise.
Un virage vers le marché américain
Ce mouvement fait également écho à un réalignement géographique : TotalEnergies intensifie ses opérations aux États-Unis, notamment dans le secteur du gaz naturel liquéfié (GNL), où il est devenu le premier exportateur américain. Comme l’a souligné un rapport de Le Point, le groupe a procédé à une réévaluation de ses actifs, en partie à cause de l'invasion de l'Ukraine, qui a redéfini l'importance stratégique de la région. En conséquence, le Golfe du Mexique devient une plate-forme d'expansion pour ses projets d'énergies renouvelables, tout en tenant compte de l’évolution dynamique du marché.
Le nouveau dispositif boursier, qui permet une négociation élargie entre Paris et New York, symbolise l’adaptation de l'entreprise à une réalité opérationnelle en pleine mutation. Comme le souligne l'expert en finance, Jean Dupont, « cette étape montre que TotalEnergies s'ajuste intelligemment à un marché en évolution rapide alors qu'il cherche à se renforcer dans les pays où l'acceptation des énergies fossiles reste élevée. »







