Six ans après les fusillades à Stains, la cour d'assises de Seine-Saint-Denis a rendu son verdict ce vendredi. Deux hommes, Souleymane Care, 30 ans, et Moussa Baradji, 33 ans, ont été condamnés à 20 ans de réclusion pour leur implication dans des meurtres en bande organisée. En revanche, trois autres accusés ont été acquittés, comme l'a rapporté Le Monde.
La décision a été accueillie dans une salle d'audience tendue, où des cris, menaces et insultes ont résonné, principalement de la part des proches des condamnés. La scène a été troublée par des mots cinglants, traduisant une forte émotion : "bâtards, vous n'avez pas de face" ont scandé certains dans un contexte lourd de tension.
Les deux hommes reconnus coupables ont été décrits par l'accusation comme les auteurs d'exécutions ciblées survenant le 16 juillet 2019, lorsque des tirs de Kalachnikov ont éclaté dans le quartier du Clos Saint-Lazare. Bakari T., 27 ans, s'est effondré mortellement dans son immeuble, tandis que son frère, Dembo, 24 ans, a été blessé. Leur ami, Soriba M., âgé de 26 ans, n'a pas survécu.
Les avocates générales avaient initialement requis des peines plus sévères, souhaitant des condamnations allant de 20 à 30 ans, tout en plaidant pour l'acquittement d'un des accusés. Malgré cela, la cour a finalement statué sur un équilibre délicat, acquittant trois personnes dont Mamadou D., dont la culpabilité n’a pu être prouvée faute de preuves tangibles.
Souleymane Care, qui avait un casier judiciaire presque vierge, a été présenté comme le tireur présumé, en raison d'une querelle antérieure avec les frères T. Lors du procès, il a exprimé sa désolation, affirmant : "je ne suis pas un tueur, je n'ai jamais touché une arme". Ses avocats ont tenté de prouver son alibi basé sur des activités de la nuit du crime.
Les débats ont mis en lumière des défaillances dans la procédure judiciaire. Plusieurs avocats ont fustigé les méthodes policières et évoqué une enquête entachée par des rumeurs erronées, soulignant que les premiers éléments de l'enquête s'étaient trop nourris de la spéculation. Me Joseph Hazan a pointé que "l'enquête s'est trop nourrie de la rumeur et la rumeur s'est trop nourrie de l'enquête".
La technologie, telle que la téléphonie et les images de vidéosurveillance, a été cruciale pour établir la procèdent des événements et les véhicules impliqués, notamment une Mini Cooper liée à l'affaire. Toutefois, des avocats ont également critiqué les éléments surnuméraires invoqués pour établir une culpabilité, affirmant que certains accusés ont été poussés brutalement dans la procédure légale sans preuves solides.
Les experts interrogés par France Info ont ajouté que ce cas soulève des questions sur l'utilisation des preuves anonymes dans les affaires criminelles et souligne l'importance d'un procès équitable pour tous les accusés.







