La justice algérienne a confirmé, mercredi, la condamnation à sept ans de prison du journaliste français Christophe Gleizes pour "apologie du terrorisme", un verdict qui a laissé sa famille et ses proches dans un état de choc. La Cour d'appel de Tizi Ouzou a ainsi maintenu la peine prononcée en première instance, entraînant une vague d'incrédulité.
Agé de 36 ans, Gleizes, qui collabore avec des médias tels que So Foot et Society, avait été arrêté le 28 mai 2024 à Tizi Ouzou alors qu'il cherchait à rédiger un article sur le club de football local, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK). Son beau-père, Francis Godard, a exprimé son désespoir face à cette décision, tandis que sa mère, Sylvie Godard, a fait part de son “grand choc” après un contexte de tension apaisé entre la France et l’Algérie.
Le ministère français des Affaires étrangères a émis un appel urgent à la libération de Gleizes, soulignant l’importance de rétablir ses liens avec sa famille. L’organisation Reporters Sans Frontières (RSF) a également exprimé sa désapprobation envers ce qui est qualifié de "décision aberrante", affirmant que Gleizes était simplement en train d’accomplir son travail de journaliste.
Le parquet algérien avait requis une peine encore plus sévère de dix ans, arguant que le journaliste ne venait pas dans le pays pour exercer une activité journalistique mais pour mener des actions hostiles. Cependant, l'avocat de Gleizes, Emmanuel Daoud, a décrit le cas comme étant particulièrement vide de preuves, promettant de "se battre jusqu'au bout" pour défendre un homme qu'il considère comme innocent.
Durant son procès, Christophe Gleizes a admis avoir commis des "erreurs", notamment en ne demandant pas le visa approprié pour effectuer son reportage en Algérie. Il a également été critiqué pour ses contacts avec des membres du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), jugé terroriste par le gouvernement algérien. En répondant aux questions des juges, il a reconnu qu'il n'était pas au courant du statut du MAK, ajoutant avec émotion qu’il ressentait une profonde douleur d'être séparé de sa famille.
La première condamnation de Gleizes a eu lieu dans un contexte de tensions croissantes entre Paris et Alger, exacerbées par des publications en France soutenant le plan d'autonomie marocain au Sahara occidental. Ces frictions diplomatiques ont contribué à l’atmosphère hostile dans laquelle le jugement a été rendu. "Les relations entre les deux pays doivent évoluer vers un apaisement", espèrent certains observateurs, même si la situation de Gleizes reste précaire.
Les experts s'interrogent sur les implications d'une telle décision sur la liberté de la presse en Algérie et ses impacts sur les journalistes étrangers. Cette affaire montre les dangers auxquels sont confrontés ceux qui s’aventurent à couvrir des sujets sensibles dans des pays où la liberté d'expression est déjà fragile.







