Paris (France) – La confrontation tant attendue entre Shein et l'État français se déroule aujourd'hui devant le tribunal judiciaire de Paris. Le gouvernement demande la suspension de la plateforme de mode en ligne, en raison de la vente de produits illicites, tels que des poupées sexuelles à l'apparence enfantine et des médicaments non conformes.
Cette démarche fait suite à une série d'inquiétudes concernant la sécurité des consommateurs. En effet, l'État exige une suspension de trois mois de la plateforme, ainsi que la mise en place de garanties pour prévenir la récidive de tels incidents. L’article 6-3 de la loi sur la confiance dans l'économie numérique permet au tribunal d’ordonner des mesures pour faire cesser des nuisances liées à des contenus en ligne.
Shein, acteur majeur de la fast fashion fondé en Chine en 2012, refuse de se soumettre à cette requête qu’elle juge "injustifiée" et "disproportionnée". Selon eux, la demande s’appuie sur des éléments "obsolètes" et "inexactes". Après la découverte de ces produits, Shein affirme avoir retiré ceux concernés et suspendu les ventes effectuées par des vendeurs tiers sur son site.
Vers un contrôle accru
La société irlandaise ISSL, représentant Shein en Europe, a pour objectif de renforcer ses contrôles pour éviter ce type de situation à l'avenir. Dans le cadre de cette affaire, le parquet de Paris a indiqué qu'il ne soutiendrait pas la demande de blocage envisagée, qualifiant une suspension de trois mois de "disproportionnée" au regard de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, ce qui soulève des interrogations sur l’effectivité d’un éventuel blocage.
Si le tribunal ne décide pas d’un blocage total, une suspension de la partie marketplace pourrait être envisagée, comme le souhaite l’État. Par ailleurs, le gouvernement a également assigné les fournisseurs d'accès à internet afin de garantir que le site puisse être bloqué si nécessaire. L'exécutif, excédé par la vente des poupées au caractère jugé pédopornographique, intensifie ses efforts non seulement contre Shein mais envisage également des actions similaires contre d'autres plateformes comme AliExpress et Joom.
La Commission européenne a d’ailleurs adressé une demande d’informations à Shein, laissant présager l’ouverture d’une enquête qui pourrait renforcer le cadre légal autour des pratiques des plateformes en ligne. Selon une source proche du dossier, cette démarche manifeste la volonté de l’État de poser des fondations solides pour protéger les consommateurs dans un univers numérique en constante évolution.
Alors que l’audience s’est ouverte, nul ne peut prédire quelle sera la décision du tribunal. Les prochaines semaines s’annoncent cruciales pour Shein, dont l'avenir sur le marché français pourrait être sérieusement compromis en fonction de l'issue de ce conflit judiciaire.







