Londres (AFP) – Le photographe emblématique britannique Martin Parr, reconnu pour sa vision ironiquement colorée de la société britannique et son approche audacieuse de la photographie, est décédé à l'âge de 73 ans, comme l'a annoncé sa fondation. Parr avait été diagnostiqué avec un myélome en mai 2021, mais sa mort a provoqué une onde de choc au sein de la communauté artistique.
"Nous sommes profondément attristés de devoir annoncer le décès de Martin Parr (1952-2025) survenu samedi à son domicile à Bristol", a déclaré sa fondation. La renommée de Martin Parr, souvent caractérisée par des couleurs saturées et des scènes reflétant le consumérisme, s'étend bien au-delà des cercles de la photographie.
Né dans le Surrey le 23 mai 1952, Martin Parr a été introduit à la photographie par son grand-père. Bien qu'il ait débuté dans les années 1970 avec des photographies en noir et blanc inspirées de maîtres tels que Henri Cartier-Bresson, il a rapidement été séduit par la couleur et le style publicitaire. Sa série emblématique "Last Resort", qui présente des vacanciers de la classe moyenne à Brighton, a révélé son talent pour capturer l'absurde et le quotidien.
Son utilisation audacieuse du flash, même en plein jour, a transformé la photographie documentaire britannique. Ce style, bien que critiqué par certains pour son regard sur la classe ouvrière, a su séduire un large public. Parr lui-même écrivait : "J'aime et je hais l'Angleterre en même temps", exprimant ainsi les contradictions de son pays.
En intégrant Magnum Photos en 1994, Parr a franchi une étape cruciale de sa carrière. Henri Cartier-Bresson, qui avait initialement rejeté sa candidature, a finalement reconnu la valeur distincte du travail de Parr. Il a dirigé Magnum de 2013 à 2017, tout en continuant à explorer le thème du tourisme de masse, immortalisant les moments les plus inattendus, y compris des Japonais en quête de selfies sur des plages artificielles.
Reconnu pour son appel à la consommation excessive, Parr a une fois déclaré : "Nous sommes tous trop riches et nous consommons beaucoup trop de choses". Son œuvre, qui comprend plus de 120 livres et un impressionnant fonds d'archives de plus de 50 000 images, sera mise à l'honneur lors d'une rétrospective à Paris, au musée du Jeu de Paume, à partir du 30 janvier prochain.
Alors que la photographie continue de capturer l'essence du monde moderne, l'héritage de Martin Parr demeure une vitrine de l'ironie de la vie quotidienne britannique, apportant une réflexion essentielle sur notre rapport à l'image et à la consommation.







