Dans une réforme marquée par la question de la responsabilité des dirigeants, l'ancien patron de France Télécom, Didier Lombard, a été déchu de sa Légion d'honneur, aux côtés de deux anciens cadres de l'entreprise. Ce retrait, officialisé par des décrets publiés au Journal officiel, s'inscrit dans le cadre d'une condamnation pour harcèlement moral institutionnel liée aux tragiques cas de suicides au sein de l'entreprise.
À 83 ans, Didier Lombard est désormais dans l'impossibilité de porter les insignes de distinction, comme le stipule l'article R92 du code de la Légion d'honneur. Sa peine, confirmée en janvier par la cour d'appel de Paris, inclut une sanction d'un an de prison avec sursis et une amende de 15 000 euros. La conditions de ces sanctions soulèvent des interrogations sur la responsabilité éthique des dirigeants dans les grandes entreprises, particulièrement dans un contexte où la santé mentale des employés est remise en question.
La CFE-CGC Orange, le syndicat représentatif au sein de l'entreprise, s'est montré très vocal concernant ces distinctions. Dans une lettre adressée au Grand chancelier de la Légion d'honneur, il a souligné que le maintien de telles décorations serait une "insulte aux victimes" et constituerait un "déshonneur pour notre République". Pour Jean-Claude Mailly, ancien dirigeant de FO, cette décision représente un pas vers une plus grande responsabilité institutionnelle des entreprises : "Il est temps que les dirigeants rendent des comptes de leurs actions."
D'autres anciens cadres, comme Olivier Barberot et Brigitte Dumont, ont également été touchés par ces retraits, marquant une période sombre dans l'histoire de France Télécom, aujourd'hui connue sous le nom d'Orange. Ce retrait de distinctions et l'ampleur des condamnations interpellent sur les devoirs et responsabilités des sociétés face à leurs employés, ainsi que sur le délicat sujet de la santé mentale au travail. Des experts comme le Pr. Michel Debout, psychiatre et auteur, soulignent l'importance cruciale de politiques internes visant à protéger les employés contre le harcèlement : "Les entreprises doivent agir avant que les drames ne surviennent, en mettant en place des systèmes de prévention robustes."
Dans cette affaire, au-delà des sanctions pénales, c'est tout un système de compassion et de responsabilité qui doit être révisé pour garantir un environnement de travail plus sûr et éthique pour tous les salariés.







