Les journalistes du service des informations générales du Parisien expriment leur choc suite à l'annulation d'une interview prévue avec le procureur national financier, Jean-François Bohnert, notamment impliqué dans le dossier du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Dans une lettre ouverte relayée par l'Agence France-Presse (AFP), ils qualifient cette décision de « censure pure et simple ».
La décision, annoncée à seulement vingt-quatre heures de l'échéance, a suscité des interrogations parmi le personnel du quotidien. Les journalistes ont souligné que des sujets pertinents, tels que la récente publication de Nicolas Sarkozy sur son expérience en prison, auraient pu alimenter l'entretien. Ce livre évoque le rôle du Parquet national financier dans le cadre du procès du financement illégal de sa campagne, et les professionnels estiment que « cette décision ressemble à une censure frappante d'un magistrat engagé dans la lutte contre la corruption en France ».
En réponse à ces accusations, Nicolas Charbonneau, directeur des rédactions, a défendu sa décision en la présentant comme une « décision éditoriale ». Dans un courriel adressé aux membres de la rédaction, il a précisé que cette annulation faisait suite à des considérations sur la place à accorder à un entretien avec Bohnert, qui aurait été largement couvert par d'autres médias à ce moment-là.
« Nous n'avons pas pour habitude de nous retrouver en deuxième position dans la couverture médiatique », a-t-il expliqué, tout en admettant une « erreur de communication » au sein de la rédaction. Cette situation n'a pas manqué de susciter des réactions de soutien pour les journalistes, qui se sont appuyés sur la Société des journalistes déclarant qu'il s'agit d'un fait « particulièrement grave ».
La direction du Parisien, actuellement en phase de recapitalisation, pourrait faire face à des conséquences plus larges sur sa ligne éditoriale et son engagement à informer le public. Les syndicats de journalistes ont souligné que cette annulation va à l'encontre de la mission d'information de la publication. S'il est crucial de maintenir une ligne éditoriale, cela ne devrait pas se faire au détriment de l'accès à des informations cruciales pour le bien commun.
Les observateurs s'interrogent désormais sur l'avenir de la presse en France et sur la place de la liberté d'expression au sein de publications qui pourraient être influencées par des considérations commerciales ou politiques. L'avenir du Parisien et son indépendance pourraient angle les regards des professionnels du milieu, dans un contexte médiatique déjà tendu.







