Le journaliste français Christophe Gleizes, actuellement emprisonné en Algérie, a plaidé pour sa clémence devant la Cour d'appel de Tizi Ouzou. Juste avant que le parquet ne demande une aggravation de sa peine, portant à dix ans sa première condamnation pour "apologie du terrorisme", Gleizes a exprimé des regrets profonds pour les erreurs qu'il a commises. À 36 ans, cet ancien collaborateur des magazines So Foot et Society a demandé pardon, reconnaissant qu'il aurait dû entrer dans le pays avec un visa de journaliste plutôt que de touriste.
Après son acte, le représentant du parquet a soutenu que le journaliste n'était pas venu en Algérie pour exercer son métier, mais pour mener une action perçue comme hostile. Gleizes s'était rendu dans le pays au mois de mai 2024 pour réaliser un article sur le club de football légendaire de la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi Ouzou, à proximité d'Alger.
Arrêté le 28 mai 2024, Gleizes avait été placé sous contrôle judiciaire jusqu'à son procès, où il a été accusé d'entrer en Algérie avec un visa touristique et d'apologie du terrorisme, ainsi que de possession de publications visant à nuire à l'intérêt national, selon l'ONG Reporters sans frontières (RSF).
Lors de l'audience, Gleizes a reconnu n'avoir pas été au courant que le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) était classé comme organisation terroriste par les autorités algériennes. "Je n'étais pas au courant. Cela porte atteinte à mes compétences", a-t-il admis. Les réflexions qu'il a partagées sur ce sujet ont mis en lumière ses préoccupations sur la liberté d'expression et le rôle du journaliste.
Ému, il a exprimé sa profonde tristesse d'être séparé de sa famille, demandant à la Cour de lui permettre de les retrouver. Sa condamnation initiale a eu lieu en pleine tension diplomatique entre la France et l'Algérie, marquée par des tensions qui ont vu le retrait d'ambassadeurs et des expulsions de diplomates.
L'avocat de Gleizes, Emmanuel Daoud, a exprimé des espoirs d'une issue favorable, citant le récent apaisement des relations franco-algériennes suite à la libération de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. De nombreux médias français, ainsi que des organisations comme RSF, ont plaidé pour la libération de Gleizes, affirmant qu'il n'a commis aucun crime, mais qu'il a seulement exercé son droit de journalistique.
"Il n'a rien à faire en prison. Il est simplement un passionné de football et un journaliste", a déclaré Thibaut Bruttin, directeur général de RSF. Le débat autour de son arrestation soulève des questions cruciales sur la liberté de la presse dans des contextes politiques tendus. Les préjugés et les accusations portées à son encontre suscitent également des appels à une réforme plus large pour protéger les voix critiques dans les nations émergentes.







