Un mouvement séparatiste, membre du gouvernement yéménite reconnu internationalement, a récemment pris le contrôle de provinces pétrolifères dans le sud du pays, propulsant le Yémen vers une potentielle nouvelle guerre civile. Cet événement a des répercussions sur la fragile trêve qui prévalait et exacerbe les fractures au sein du camp anti-houthi.
Le Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, a conquis, en décembre, la majorité des provinces d'Hadramaout et de Mahra, incluant des installations pétrolières clés. Ce coup de force menace de raviver les conflits dans un pays déjà en proie à une guerre civile depuis plus de dix ans.
Depuis le début de la guerre en 2014, les Houthis, soutenus par l'Iran et en contrôle de Sanaa, affrontent une coalition informelle comprenant l'Arabie saoudite et les Émirats qui soutiennent le gouvernement reconnu de Rashad al-Alimi. Bien que les violences aient diminué ces derniers temps, l'aggrèvement des séparatistes remet en question la stabilité relative atteinte dans la région, et cela pourrait redessiner les lignes de conflit, renforçant les tensions au sein même de l'alliance anti-houthi.
Le groupe le plus puissant du sud du Yémen
Depuis sa formation en 2017, le STC représente le principal acteur du sud yéménite en prônant un retour à l'indépendance du Yémen du Sud, anciennement un État indépendant entre 1967 et 1990. Grâce au soutien financier des Émirats, le STC a pris de l'ampleur. Avec le contrôle accru des territoires, le groupe se positionne désormais comme un interlocuteur incontournable dans les futures négociations politiques.
L'engagement militaire du STC s'est intensifié, contournant les accords passés d'une coexistence pacifique avec le gouvernement reconnu, au grand dam de l'Arabie saoudite. Selon Ahmed Nagi de l'International Crisis Group, le royaume pourrait se sentir frustré par les ambitions affichées par le STC, qui ont dépassé les limites convenues sous la tutelle saoudienne.
Contrôle des installations pétrolières cruciales
La province d'Hadramaout, deuxième plus grande du Yémen, est primordiale, non seulement pour sa richesse pétrolière, mais aussi en tant que source de pouvoir local. Les combats récents ont vu le STC s'emparer facilement des installations clés, notamment PetroMasila. Dans une analyse récente, le quotidien "Le Monde" a souligné que cette initiative du STC pourrait également avoir été exacerbée par les menaces de révolte de l'Alliance tribale d'Hadramaout, qui cherchait à revendiquer sa part des ressources.
Les manœuvres du STC à Mahra, où ils ont pris le contrôle d'un poste-frontière clé avec Oman, ainsi que du palais présidentiel d'Aden, amplifient les craintes d'une escalade. Selon un responsable du gouvernement, le retrait récent des troupes saoudiennes de certaines bases à Aden fait partie d'une "stratégie de repositionnement", visant à réduire les tensions, même si cette approche a ses limites.
Les Émirats, quant à eux, se présentent comme des facilitants d'un processus politique. Ils affirment que les questions de gouvernance doivent être résolues par les Yéménites eux-mêmes, tout en affirmant qu'ils soutiennent les objectifs stratégiques de l'Arabie saoudite. Mais la montée en puissance du STC risque d'aggraver les fractures internes et de raviver un conflit qui pourrait impliquer encore plus d'acteurs régionaux.







