Les eurodéputés et les États membres de l'Union européenne ont scellé un accord lors d'une session nocturne pour promouvoir l'utilisation des technologies de modification génomique, connues sous le nom de nouveaux OGM (organismes génétiquement modifiés). Contrairement aux OGM de première génération, ces nouvelles techniques permettent de modifier le génome d'une plante sans introduire d’ADN étranger. Cela les distingue ainsi comme des alternatives potentiellement plus acceptables sur le plan éthique.
Les partisans de la technologie, y compris le puissant syndicat agricole Copa-Cogeca, affirment que ces nouvelles variétés pourraient offrir des solutions cruciales face aux défis climatiques, en permettant des cultures plus robustes et moins dépendantes en engrais. Jessica Polfjärd, eurodéputée suédoise du PPE et rapporteure du texte, a qualifié cet accord de « progrès significatif », notant que cette innovation pourrait augmenter les rendements sur des surfaces réduites.
Pascal Canfin, un député centriste français, a également apprécié cette avancée, soulignant que cela fournirait davantage d'outils pour lutter contre les pénuries d'eau et la sécheresse, aggravées par le changement climatique. Cependant, le compromis a ses restrictions. Les variétés de NGT qui sont résistantes aux herbicides ou qui produisent des insecticides ne seront pas autorisées, dans un souci de durabilité. De plus, l'agriculture biologique continuera d'éliminer toute utilisation de ces nouvelles techniques.
Ce débat sur l'acceptation des nouveaux OGM est particulièrement sensible en Europe, où les OGM sont généralement classés comme des plantes interdites, à l'exception de certaines variétés comme le maïs MON 810, cultivé dans des champs limités en Espagne et au Portugal. Ceux qui s'opposent à cette décision, notamment des organisations environnementales, mettent en garde contre les risques que cela pourrait entraîner pour l'agriculture et la santé économique locale. Charlotte Labauge, représentante de l'ONG Pollinis, a exprimé des préoccupations concernant l'absence d’étiquetage sur les produits finaux, ce qu'elle considère comme une atteinte au droit des consommateurs, même si l'accord impose une mention des NGT sur les sacs de semences.
Les discussions autour de la traçabilité et des brevets associés à ces technologies ont également suscité des inquiétudes. Des experts craignent que cela ne favorise une concentration de pouvoir dans les mains de grandes entreprises, au détriment des petits agriculteurs. Christophe Clergeau, un socialiste français au Parlement, a critiqué cet accord en affirmant qu'il « prive les consommateurs de leur liberté de choix » et les soumet aux intérêts des multinationales.
Alors que cet accord doit encore être validé par les États membres et le Parlement européen, la France, sous la présidence du Danemark, a manifesté un soutien fervent à cette révision législative. À l’heure où l’agriculture européenne fait face à des défis de taille, l’ouverture vers les nouveaux OGM pourrait bien redéfinir le paysage agricole du continent.







