Depuis quelques années, le phénomène de la livraison de colis d'un particulier à un autre prend de l'ampleur en France. Des plateformes comme Shopopop, fondée en 2015, offrent aux citoyens la possibilité de gagner un complément de revenu en transportant les courses ou divers colis pour leurs voisins. Avec plus de 15 millions de livraisons à son actif, Shopopop se positionne comme un acteur majeur de cette nouvelle économie collaborative.
Cependant, cette dynamique ne fait pas que réjouir. Le syndicat national des transporteurs légers (SNTL) a récemment exprimé ses préoccupations concernant une concurrence qu'il qualifie de déloyale. À la fin du mois d'octobre, le SNTL a officiellement interpellé le ministre des Transports, Philippe Tabarot, en formulant trois demandes clés : assurer que la livraison reste dans un cadre de particulier à particulier, imposer une limite de 1 000 euros de revenus par an pour les cotransporteurs et proscrire les tournées régulières, qui pourraient changer le fonctionnement du système par solidarité.
Les professionnels du secteur voient d'un mauvais œil cette évolution, craignant notamment que ces pratiques ne nuisent à la pérennité des entreprises de transport traditionnelles. Selon Alexandre Fontana, délégué général du SNTL, "ce modèle de cotransportage peut entraîner une forme d'hyperubérisation, où les transporteurs ne jouissent pas des protections sociales nécessaires". Les montants perçus par les livreurs, qui oscillent entre six et neuf euros par livraison, sont souvent jugés insuffisants pour garantir une sécurité financière.
Face à ces critiques, Johan Ricaut, fondateur de Shopopop, a reconnu l'urgence d'un encadrement règlementaire. Il a affirmé que la plateforme limite déjà les gains annuels à 3 000 euros et qu’elle cherche à réguler les types de colis afin d'éviter des abus.
En 2024, la justice française a d’ailleurs rappelé à l'ordre Shopopop, la condamnation de la plateforme dans une affaire de contrat de travail en a renforcé les inquiétudes concernant la place des travailleurs dans cette économie collaborative. "C'est une situation marginale, mais il est crucial de définir des règles claires pour éviter ce type de malentendu", a ajouté Ricaut.
L'essor du cotransportage pose donc la question de la législation et de la régulation dans un secteur en pleine évolution. En attendant une réponse politique, les transporteurs traditionnels sont en attente d'un cadre législatif qui pourra équilibrer les intérêts de toutes les parties impliquées.







