Au cœur d'une vive polémique, le personnage de Zwarte Piet, assistant traditionnel de Saint-Nicolas aux Pays-Bas, est devenu un symbole de débat sur le racisme et le colonialisme. Chaque année, le 5 décembre, Piet, qui était jadis représenté principalement avec un visage noir, accompagne Saint-Nicolas en distribuant des cadeaux aux enfants. Cependant, son image a suscité d'intenses controverses, beaucoup y voyant une caricature raciste.
Depuis plus de quinze ans, des groupes comme Kick Out Zwarte Piet (KOZP) ont milité pour abolir cette tradition. La manifestation de ce personnage a souvent été perçue comme une réminiscence du colonialisme, faisant écho à des stéréotypes raciaux blessants, notamment à travers une mise en scène allant jusqu'à l'utilisation de blackface.
Dans un entretien, Jerry Afriyie, cofondateur de KOZP, a expliqué : "Avant, nous voyions des centaines de Zwarte Piet dans les rues, une plupart blanche se déguisant avec un maquillage noir. Aujourd'hui, grâce à nos efforts, beaucoup d'enfants racisés se sentent en sécurité, car ils ne voient plus Piet ainsi". Ce changement illustre l'évolution des mentalités dans une société traditionnellement tolérante mais en pleine introspection, surtout après le mouvement Black Lives Matter.
En réponse aux critiques, des adaptations ont été faites : de nombreuses écoles et événements officiels ont cessé de représenter Zwarte Piet avec un visage noir. Certaines versions modernes du personnage adoptent des traits plus neutres, suscitant un débat entre ceux qui souhaitent préserver la tradition et ceux qui en réclament une transformation radicale.
Malgré cette évolution, des partisans tenaces de Zwarte Piet demeurent, convaincus que cette figure ne constitue en rien un symbole de racisme. Le leader de l'extrême droite néerlandaise, Geert Wilders, est notamment devenu un fervent défenseur de cette tradition, renforçant ainsi les clivages au sein de la société.
Les Pays-Bas, reconnaissant leur passé colonial, ont récemment entrepris des actions administratives pour aborder ce pan sombre de leur histoire. Comme souligné par Afriyie, "c'est essentiel d'inclure l'histoire coloniale dans l'éducation des jeunes générations car il est primordial de lutter contre le racisme qui persiste". Ce débat révèle les tensions entre un héritage culturel, la prise de conscience sociale et les aspirations d'un avenir plus inclusif.







