Le terme rage bait, choix du mot de l’année par le Oxford Dictionary, reflète une tendance inquiétante qui s'est intensifiée ces dernières années. Dans un contexte où l'indignation alimente le contenu en ligne, il n'est pas surprenant qu'un phénomène aussi controversé soit récompensé.
Le décès tragique de Raphaël Graven, connu sous le nom de Jean Pormanove, a choqué le public. Décédé lors d'une diffusion en direct, cet événement a mis en lumière les dérives des plateformes de streaming. Les critiques à l'égard de Kick, où se sont déroulés ces événements sinistres, portent sur des manquements en matière de modération et l'absence de protections adéquates pour les créateurs de contenu. Des enquêtes, comme celle réalisée par Mediapart, ont révélé la souffrance et l'humiliation que subissait Pormanove durant ses sessions.
Au-delà de cette tragédie, un autre événement choquant a captivé l'attention des réseaux sociaux : le meurtre d'Iryna Zarutska, une réfugiée ukrainienne, poignardée dans le métro de Charlotte. Les images de ce crime odieux ont rapidement fait le tour des plateformes comme X et TikTok, déclenchant une vague de commentaires enflammés. Certains créateurs de contenu, tel que le youtubeur conservateur Benny Johnson, ont exploité cet incident pour alimenter le rage bait, critiquant les médias sur leur couverture, et suscitant une réaction émotionnelle féroce du public.
Ce phénomène de récupération émotionnelle par les plateformes numériques souligne une transformation inquiétante dans la façon dont l'information est diffusée. Les médias sociaux, comme mettent en évidence des études d'experts, profitent de l'indignation pour générer des clics et augmenter leur engagement. En 2025, des mesures législatives en France examinent déjà les impacts psychologiques des plateformes sur les jeunes, comme le montre le travail de la commission d’enquête sur TikTok.
Le phénomène rage bait n’est pas seulement un problème d’audience, mais révèle une crise plus profonde dans nos écosystèmes médiatiques. Selon plusieurs analystes, y compris des chercheurs de Sciences Humaines, cette tendance pose la question de l’éthique dans la création de contenu et de la responsabilité des plateformes face à la souffrance humaine exposée et souvent exploitée.
En somme, reconnaître l'émergence du rage bait comme un symptôme d'un écosystème médiatique malade pourrait être le premier pas vers une régulation nécessaire, où l'humain retrouve sa place au-delà des logarithmes et du profit.







