Avec le vieillissement exponentiel de sa population, le Japon se transforme en un cas d'étude fascinant pour les compagnies d'assurance, notamment Axa. En effet, le pays affiche un taux de 29 % de personnes âgées de plus de 65 ans et cette proportion pourrait atteindre 36 % d'ici 2045. Cette tendance démographique présente des défis considérables, similaire à ceux auxquels l'Europe sera confrontée dans un futur proche.
Ce phénomène est corroboré par l'Institut démographique national, qui indique qu'un Japonais sur dix a désormais plus de 80 ans. Face à cette crise, Axa observe de près ces évolutions, avec son directeur des opérations, Christophe Avenel, soulignant : "Le Japon est un excellent terrain d'observation et d'enseignement pour anticiper ce qui va arriver en Europe."
En termes de chiffres, la population nippone a diminué de près de 900.000 individus en 2024, portant le total à 120,3 millions, et les prévisions annoncent une perte de 30 millions d’ici 40 ans. Cette situation entraîne une hausse des coûts médicaux et souligne l'importance de développer des produits adaptés à une clientèle vieillissante.
Les efforts d'Axa s'orientent de plus en plus vers des polices d'assurance moins contraignantes concernant la santé. "Si vous êtes trop sélectifs sur les antécédents médicaux, vous n'avez plus de clients," prévient Avenel. Ainsi, la compagnie envisage d'élargir sa couverture pour inclure des personnes jusqu'à 85 ans, voire 99 ans.
Les compagnies japonaises, telles que Nippon Life, cherchent également à répondre à la demande croissante d'assurances dédiées aux maladies dégénératives, comme l'illustre leur récente acquisition de Nichii Holdings pour 1,4 milliard de dollars. En 2030, l'assureur prévoit qu'une personne sur trois de 65 ans et plus souffrira de démence, selon ses études internes.
Pour stimuler l'épargne, achever de réformer les prestations de décès et répondre à un nombre croissant de célibataires sans enfants, les assureurs étoffent leurs produits. Axa propose notamment des solutions de dépendance, prisées par la clientèle, et mise sur le fait que près de 90 % des ménages japonais possèdent déjà une assurance-vie.
La situation économique du Japon, avec un retour de l'inflation et une Banque du Japon qui resserre ses taux, pourrait inciter les ménages à investir davantage. En effet, selon Avenel, l'épargne dormante représente encore 6.170 milliards d'euros, soit la moitié des actifs financiers des ménages. Ce constat souligne l'énorme potentiel dormant pour les assureurs.
Face à ces enjeux, le Japon est devenu un véritable laboratoire d’idées pour faire face au vieillissement de sa population. Les leçons tirées par les assureurs japonais pourraient bien influencer l’industrie en Europe alors qu'elle se prépare à un avenir similaire.







