Maurice Rondeau, René Boitier et René Rouzé sont désormais célébrés comme des martyrs, rejoignant les rangs d'autres compagnons, prêtres, religieux, et militants d'Action catholique, qui ont brillamment incarné la foi chrétienne face à l’adversité du régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale. Âgés respectivement de 33, 27 et 23 ans, ces trois Seine-et-Marnais ont perdu la vie dans les camps de concentration allemands en 1945, alors qu'ils étaient engagés dans le Service du travail obligatoire (STO) pour apporter un soutien spirituel aux ouvriers français envoyés en Allemagne.
C'est en tant que martyrs que Maurice Rondeau, René Boitier et René Rouzé ont été béatifiés ce samedi à la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui a été fermée pour l'occasion, un événement marquant rassemblant 47 autres jeunes compagnons. Cette béatification, un acte pontifical qui élève une personne défunte au rang de Bienheureux, a été mise en route en 1988 par le prêtre et historien Charles Molette.
Le 20 juin dernier, un décret signé par le pape Léon XIV a reconnu les dossiers de ces martyrs, créant un réel espoir pour ceux qui s'investissent dans l'histoire de l'Église en France. Marie-Laure Gordien, responsable de la bibliothèque diocésaine de Meaux et co-auteure du livre « Le Bienheureux Maurice Rondeau », exprime son enthousiasme : « La reconnaissance du statut de martyr ouvrait logiquement la voie à la béatification. »
Un parcours exceptionnel
Dans le trio de martyrs, seul Maurice Rondeau avait été ordonné prêtre. Né en 1911 dans la Marne, il a su allier son rôle éducatif à ses fonctions religieuses, marquant de son empreinte les esprits des jeunes qui ont eu la chance de croiser son chemin. Émile Rondeau a été décoré de la Croix de Guerre et, après sa mobilisation en 1939, a continué à soutenir moralement ses camarades dans le stalag où il était emprisonné, où il a même créé un journal clandestin.
Défiance et sacrifice
René Boitier, âgé de 25 ans, membre des Scouts de France, a rencontré Maurice Rondeau au camp de prisonniers où ils ont commencé à organiser des activités pour redonner espoir aux captifs. Sa vie a pris un tournant tragique en 1944, lorsque le régime Nazi a intensifié les persécutions contre ceux qui exprimaient leur foi catholique. Des centaines de jeunes ont été recrutés pour le STO, exposant leur vie et leur foi à des risques inouïs.
René Rouzé, un jeune jociste, a également été requis par le STO. Il a trouvé refuge dans sa foi, assistant à la messe chaque soir malgré les dangers. Son arrestation en décembre 1944 l’a conduit vers un destin tragique, mort d’épuisement dans un camp de concentration en février 1945.
« Leur courage face à l'oppression témoigne de la force d'un engagement spirituel sans faille », déclare un expert en théologie, qui préfère garder l'anonymat. La béatification de ces jeunes martyrs est donc non seulement un hommage à leur sacrifice, mais aussi un rappel poignant de la nécessité de préserver la mémoire de l'héritage chrétien dans des temps de crises. Cela fait écho aux préoccupations contemporaines sur la liberté religieuse et le respect de la dignité humaine.
Ces martyrs rappellent à chacun de nous l'importance de la foi, même dans les situations les plus sombres.







