Le gouvernement français a récemment mis à jour sa feuille de route vers la neutralité carbone, un défi ambitieux qui inclut la suppression progressive des énergies fossiles. Cette initiative, intitulée troisième Stratégie nationale bas carbone (SNBC-3), a été dévoilée exactement dix ans après l'Accord de Paris, affirmant ainsi l'engagement de la France à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Dans une tribune publiée sur le site Projet Syndicate, le président Emmanuel Macron a exprimé sa fierté pour les avancées réalisées en matière d'écologie. Selon lui, la France prouve qu'il est possible de concilier progrès social et protection de l'environnement, en réduisant à la fois les émissions de CO2 et le chômage.
Cependant, ce plan survient à un moment où les acteurs internationaux sont de plus en plus divisés sur les enjeux climatiques. Les États-Unis, par leur dépendance aux hydrocarbures, et d'autres grandes économies émergentes montrent peu de volonté pour une transition vers des énergies renouvelables. Lors des récentes négociations à la COP30 à Belém, cette tension est apparue de manière évidente.
En France, l'opinion publique oscillent entre soutien et scepticisme face à des changements aussi radicaux que ceux proposés dans la stratégie de neutralité carbone. Moins de viande, réduction de l'usage de la voiture et autres modes de vie ont suscité des critiques, notamment de la part de l'opposition politique qui qualifie ces mesures d'"écologie punitive".
Monique Barbut, ministre de la Transition écologique, a insisté sur le fait que cette stratégie ne vise pas à imposer des changements de mode de vie draconiens, mais plutôt à exploiter les outils disponibles, tels que les pompes à chaleur et les véhicules électriques, pour faciliter cette transition. En effet, le gouvernement mise sur l'électrification des transports, visant à ce que 15% des voitures sur les routes soient électriques d'ici 2030. Dans le secteur des transports, à l'horizon 2050, seul l'aviation continuerait d'émettre des gaz à effet de serre, selon les directives en cours.
Un autre domaine crucial est celui de l'agriculture. Le nouveau plan préconise une consommation accrue de fruits, légumes et légumineuses, tout en tentant de diminuer l'empreinte carbone liée à l'élevage. De plus, le gouvernement s'engage à réduire le gaspillage alimentaire de 50% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2015.
Dans le secteur industriel, des initiatives seront lancées pour réindustrialiser tout en décarbonant les processus de production, une décision largement saluée par les experts. Benoît Leguet, directeur de l’Institut de l'économie pour le climat (I4CE), a déclaré: "Une électricité décarbonée et disponible en abondance est un atout fondamental pour la compétitivité et l’indépendance énergétique de la France".
Cependant, des experts comme Nicolas Nace de Greenpeace appellent à la prudence, exprimant des doutes quant à l'ambition réelle de ce plan. Ils estiment que la réalité actuelle laisse craindre que ces objectifs ne soient que des promesses superficielles. La voie vers une France neutre en carbone reste semée d'embûches, et la mobilisation de la population sera cruciale pour transformer ces intentions en réalités tangibles.
