Dimanche, le 27 décembre, la junte militaire birmane a lancé des élections législatives, près de cinq ans après le coup d’État qui a plongé le pays dans un conflit armé. Présentées comme un retour à la démocratie, ces élections sont largement critiquées à l’échelle internationale, notamment par l’ONU.
Le scrutin, qui s’étalera sur un mois et sera divisé en trois phases, ne sera pas organisé dans les zones contrôlées par des groupes rebelles. La première phase a débuté à 6 heures du matin dans des villes stratégiques telles que Rangoun, Mandalay et Naypyidaw, la capitale administrative du pays.
Un scrutin sans opposition majeure
Aung San Suu Kyi, ancienne dirigeante du pays et prix Nobel de la paix, demeure détenue, alors que la Ligue nationale pour la démocratie, qui avait remporté 90 % des sièges lors des élections de 2020, a été dissoute par les militaires. Selon le Réseau asiatique pour des élections libres, la majorité des partis d’opposition sont absents des bulletins.
Le Parti de l’union, de la solidarité et du développement (USDP), favorable aux militaires, est pressenti pour dominer ces élections, une situation qui soulève des inquiétudes sur la pérennité du régime militaire en place.
Premiers votes sous forte surveillance
À Rangoun, le premier électeur a exprimé son espoir pour le pays : « Cette élection est cruciale et nous apportera de meilleures perspectives », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse. Pourtant, dans plusieurs bureaux, les journalistes étaient plus nombreux que les votants. Un électeur, Swe Maw, 45 ans, a rétorqué : « Des gens seront toujours pour et d'autres contre ».
« Impossible qu’elle soit libre et équitable »
Dans le contexte actuel, de nombreux habitants se montrent réticents à participer au scrutin. Moe Moe Myint, déplacée par les affrontements, a évoqué son scepticisme : « Cette élection ne pourra pas être libre et équitable », déclarant qu’elle vit dans la peur, cachée dans la jungle.
Un homme anonyme de Myitkyina a fait état des efforts de la junte pour « légitimer le pouvoir acquis par la force ». Les critiques fusent, en particulier de la part des Nations unies, qui ont évoqué une élection se déroulant « dans un climat de violence et de répression », comme l’a souligné Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l'homme.
La deuxième phase de ces élections est prévue dans deux semaines, suivie de la dernière le 25 janvier prochain. Face à un tel contexte, les espoirs d’une véritable transition démocratique semblent s'évanouir.







