Les anciens coanimateurs du célèbre jeu télévisé Des chiffres et des lettres, Bertrand Renard et Arielle Boulin-Prat, ont remporté une décision significative aux prud’hommes. Ces derniers ont décidé que le groupe France Télévisions devait les indemniser respectivement de 230.000 et 220.000 euros en raison de « discrimination fondée sur l’âge » et d’un « licenciement nul ».
Évincés en milieu d’année 2022 après des décennies d’animation (47 ans pour Renard et 36 pour Boulin-Prat), les deux animateurs ont engagé une procédure juridique pour faire valoir leurs droits. Leur demande concernait la requalification de leurs contrats à durée déterminée (CDD) en contrats à durée indéterminée (CDI). Dans un jugement rendu le 27 novembre, le conseil de prud’hommes de Paris a donné raison aux plaignants. Le Parisien a rapporté que cela soulignait le caractère pérenne de leurs postes, requalifiés en CDI pour Renard depuis mars 1975 et pour Boulin-Prat depuis février 1986.
Les prud’hommes ont également établi que la discrimination fondée sur l’âge était avérée, France Télévisions ayant « organisé le départ de deux salariés » tout en maintenant en poste des employés plus jeunes. De cette manière, la rupture de leur contrat a été jugée « brutale et vexatoire ».
Les deux anciens animateurs ont droit à des indemnités, dont environ 136.000 euros pour Renard et 129.000 euros pour Boulin-Prat, constitutées d’une indemnité conventionnelle de licenciement, et 10.000 euros chacun pour dommages et intérêts liés à la rupture brutale. La Nouvelle République a précisé que les deux plaignants envisagent un appel pour obtenir une indemnisation encore plus favorable.
Me Juliette Mascart, leur avocate, a souligné l’importance d’une requalification des hasards de la tradition télévisuelle dans l’univers du travail en France, suggérant que le programme, notoirement connu depuis l’époque de l’ORTF, ne devrait pas être perçu comme une simple émission temporaire.
En réponse à ce jugement, France Télévisions a maintenu que les CDD d’usage étaient une pratique courante dans le secteur, expliquant que la reconduction d’une émission est évaluée chaque année. Le groupe n’a pas souhaité commenter davantage la décision.
Exclus des ondes, Renard et Boulin-Prat ont exprimé leurs préoccupations face à un départ « contraint et forcé », alors que la direction de France Télévisions a prétendu nécessiter une réduction de coût de 60 % de leurs salaires. Depuis, Renard a lancé un blog culturel et Boulin-Prat s'investit dans des activités bénévoles, reflétant un engagement qui continue d’inspirer les fidèles spectateurs de ce jeu emblématique qui a éclairé les soirées télévisées pendant près d’un demi-siècle.







