Le Parlement algérien a récemment voté une loi déclarant la colonisation française comme un « crime d'État », insistant sur la nécessité de présenter des excuses officielles ainsi que des réparations financières de la part de la France. Ce texte, bien que symbolique et sans conséquence juridique, augmente les tensions mémorielles entre les deux pays.
La colonisation française en Algérie, initiée en 1830, est marquée par des violences inouïes et la destruction des structures socio-économiques algériennes. À l'appui de cette nouvelle loi, les députés rappellent les massacres et les déportations qui ont jalonné cette période sombre de l'histoire. Des historiens estiment que la guerre d'indépendance (1954-1962) a causé la mort de près de 1,5 million d'Algériens, selon les autorités algériennes, tandis que les historiens français avancent des chiffres variés, mettant en lumière les divergences de perception sur cette période.
Des excès de mémoire
Le projet de loi stipule que « une indemnisation complète et équitable pour tous les dommages matériels et moraux engendrés par la colonisation française est un droit inaliénable pour l'État et le peuple algériens ». En parallèle, l'Algérie compte exiger que la France décontamine les sites des essais nucléaires réalisés entre 1960 et 1966 dans le Sahara algérien. De plus, le texte appelle à la restitution des biens culturels transférés en dehors du pays, y compris les archives nationales, et propose des sanctions pour ceux qui défendent la colonisation.
Dans un contexte où Emmanuel Macron avait exprimé son désir d'une réconciliation à travers « des actes symboliques », cette nouvelle législation souligne les obstacles persistants. Le président français a, néanmoins, rejeté l'idée de présenter des excuses, une demande qui a ressurgi alors que les relations franco-algériennes sont déjà tendues, notamment après des déclarations sur le Sahara occidental.
Pour des experts tels que Benjamin Stora, historien réputé, le chemin vers une véritable réconciliation entre la France et l'Algérie reste semé d'embûches. La diplomatie est souvent mise à l'épreuve par des événements comme l'incarcération de personnalités franco-algériennes et d'autres tensions sur la question migratoire.
Alors que les espoirs d'une normalisation des relations s'évanouissent, cette annonce du Parlement algérien marque une nouvelle étape dans une guerre des mémoires déjà bien ancrée. La recherche de vérité et de reconnaissance des souffrances passées semble plus que jamais nécessaire pour tourner la page d'une histoire douloureuse.







