Paris (France) – Le sort de Shein, la célèbre plateforme de mode en ligne, est désormais entre les mains du tribunal judiciaire de Paris. Une décision cruciale est attendue ce vendredi concernant la demande de l'État de suspendre temporairement la plateforme, pointée du doigt pour avoir hébergé des produits controversés.
Au cœur du débat se trouvent des articles inacceptables tels que des poupées sexuelles d'apparence enfantine, des armes illégales et des médicaments prohibés, dénoncés par les autorités françaises qui souhaitent des mesures sévères. L'État exige au minimum la suspension de la marketplace de Shein, où opèrent des vendeurs tiers, et des restrictions sur les ventes hors habillement.
Les avocats de Shein n'hésitent pas à parler de "cabale" politique et médiatique à leur encontre, soulignant que les produits incriminés avaient été retirés dès leur signalement. La plateforme, fondée en Chine et maintenant basée à Singapour, a arrêté la vente de tous ses produits non vestimentaires depuis le 5 novembre pour réaliser un audit et corriger les dysfonctionnements de son site.
Le ministère public a considéré que la demande de blocus total était démesurée, en rappelant que l'action judiciaire vise avant tout à prévenir des dommages futurs. L'État exige aussi la mise en place de systèmes de filtrage pour empêcher l'accès des mineurs à des contenus inappropriés, tout cela sous l'œil attentif de l'Arcom, le régulateur du numérique en France.
Il est à noter que, même si l'État échoue dans sa demande, la réouverture complète de la marketplace Shein se fera de manière progressive, notamment à cause des défis posés par l'instauration d'un contrôle d'âge efficace. À ce jour, la section réservée aux contenus pour adultes reste inaccessible, et ce, depuis le scandale de l'année précédente.
Quoi qu'il en soit, les complications judiciaires ne s'arrêtent pas là pour Shein. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pénale contre la plateforme et d'autres géants de l'e-commerce comme AliExpress, Temu, Wish et eBay. Le ministre du Commerce, Serge Papin, a déclaré récemment : "Les mêmes règles s'appliqueront à toutes les plateformes concernées par des violations similaires." Ce combat est également articulé au niveau européen, avec la France appelant à des sanctions de la Commission européenne, alors que Bruxelles continue ses investigations.
Alors que la France cherche à renforcer la régulation des plateformes de vente en ligne, le rapport parlementaire du 4 octobre soulève des préoccupations concernant l'efficacité du règlement sur les services numériques (DSA) face à l'influx massif de colis en Europe, échappant souvent à tout contrôle. Un défi majeur pour garantir la sécurité des consommateurs et la conformité des produits sur le marché.







