Lille (AFP) – Jugé pour des importations massives de cocaïne via le port du Havre, Abdelkader Bouguettaia conteste les témoignages à son encontre, au cœur des dossiers qui l'ont conduit à des condamnations en son absence, tandis qu’il vivait à Dubaï.
Âgé de 38 ans, Bouguettaia, surnommé "Bibi", a fait son apparition au tribunal, lunettes épaisses sur le nez et crâne rasé. Il affirme n'avoir "jamais fui" la France, mais avoir été contraint de partir en raison de menaces, notamment après un enlèvement survenu en janvier 2019.
Le prévenu a expliqué qu'il ne comprenait pas les intentions derrière cet enlèvement, soulignant qu'il n'a aucun lien avec le narcotrafic. Il a également mentionné que deux de ses frères sont actuellement incarcérés pour des affaires similaires. En effet, Bouguettaia a un passé judiciaire chargé, avec plusieurs condamnations pour trafic de stupéfiants depuis son adolescence, qu’il qualifie de "bêtises de jeunesse".
Après son extradition de Dubaï en juin dernier, où il serait resté en contact avec le réseau narcotique, il est désormais devant la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille pour plusieurs affaires portant sur plus de deux tonnes de cocaïne saisies entre 2019 et 2021.
Il a aussi été interrogé sur ses moyens de subsistance durant son séjour à l'étranger, l'ayant attribué à un emploi de chef de salle dans un restaurant à Dubaï, tout en affirmant avoir travaillé plus de dix ans au Buffalo Grill en France. Les réticences de la présidente du tribunal quant à ses affirmations soulignent les incohérences dans son récit.
Les témoignages impliquant Bouguettaia le décrivent comme un homme influent dans le trafic, un ancien partenaire affirmant qu’il aurait offert des sommes considérables pour recruter des dockers pour son compte. Toutefois, Bouguettaia rejette ces accusations, en faisant valoir qu’elles relèvent de la diffamation. Sa réponse a même été cinglante : "Si on écoutait ces témoins, même le président Kennedy, c’est moi qui l’ai tué".
Les enquêtes révèlent que certaines des importations étaient dissimulées dans des cargaisons légales, comme de la gélatine bovine ou des miettes de thon en provenance d’Équateur. Le dernier développement dans cette affaire a vu Bouguettaia en cours de mise en examen pour l'importation d'un conteneur contenant 2,5 tonnes de cocaïne venue de Colombie.
Une fois encore, la lutte contre le narcotrafic en France met en lumière les réseaux complexes opérant à l'international et la manière dont des individus peuvent se retrouver piégés dans un système de mensonges et de manipulation.







