"Nous avons lu. Nous n'avons pas aimé, mais nous n'avons pas été ennuyés". Par ces mots, un collectif regroupant les familles de victimes a réagi, le 9 décembre, au passage que Nicolas Sarkozy leur consacre dans son livre. L'ancien chef de l'État, récemment condamné pour "association de malfaiteurs" dans une affaire de financement libyen, y fait état de sa rencontre avec des proches des victimes en décembre 2007 lors d'une visite de Kadhafi à l'Élysée.
Dans son ouvrage, Sarkozy affirme que cette rencontre s'est tenue dans un "climat de confiance et de respect", ce dont il se réjouit. Or, le collectif affirme que cette réception n'aurait jamais eu lieu sans leurs protestations publiques. "Ce n'est pas lui qui a organisé cette rencontre, c'est notre pression qui a conduit l'Élysée à nous recevoir en dernière minute", ont-ils corrigé.
Un autre point de friction réside dans les commentaires de Sarkozy sur l'indemnisation des familles, qu'il présente comme un acquis positif, tout en omettant le contexte. Des membres du collectif ont souligné que cette indemnisation de 1 million d'euros par victime était le résultat de longs efforts de leur part et ne justifiait en rien les relations avec un régime ayant refusé de reconnaître sa responsabilité. Cela a même été commenté par des experts en droits humains, qui remarquent que cette dynamique d'indemnisation peut créer un sentiment d'impunité.
Enfin, les familles réagissent aux déclarations de Sarkozy, qui a démenti avoir rencontré Abdallah Senoussi, l'un des responsables de l'attentat. "Aider quelqu'un ne nécessite pas forcément de rencontre physique", affirment-elles. Ce point souligne la complexité des relations entre les élites politiques françaises et le régime libyen, comme le souligne le rapport de la Commission d’enquête sur les relations avec la Libye (source: Le Monde).
Lors d'un procès récent, des membres des familles ont même exprimé leur colère en apprenant que le soutien libyen à Sarkozy pourrait avoir été lié à des accords concernant Senoussi. "Monsieur Sarkozy, ce jour-là, j’avais l’âge que votre fille a aujourd’hui. Je plains votre âme et votre dignité piétinée", a lancé Christophe Raveneau, fils d'un pilote du DC10.
Nicolas Sarkozy a déclaré être touché par les témoignages des familles, mais les proches des victimes restent déterminés à contrecarrer ses affirmations, affirmant qu'ils ne laisseront rien passer concernant la vérité des événements. Ils se préparent à continuer leur combat pour la justice, comme l'affirme Guillaume Denoix de Saint Marc, président de l'association des victimes: "Nous ne lâcherons rien".







