Facilement accessible en magasin et sur les réseaux sociaux, le protoxyde d'azote devient de plus en plus prisé, notamment par la jeunesse. L'Office antistupéfiants (Ofast) n'hésite pas à tirer la sonnette d'alarme. Selon leurs rapports, ce trafic, qualifié de « plein expansion », soulève de graves enjeux de santé publique et de sécurité.
Le protoxyde d'azote, également connu sous le nom de « gaz hilarant », provoque un effet euphorique de courte durée lorsqu'il est inhalé. Cependant, il peut également entraîner des effets secondaires préoccupants, tels que des troubles neurologiques et des problèmes de santé mentale, comme l'indique une étude de l'INPES. En raison d'un cadre juridique lacunaire qui ne le classe pas parmi les stupéfiants, son usage détourné reste largement inembarrassé par la loi.
Un produit facilement accessible
Traditionnellement associé aux raves des années 90, la consommation de protoxyde d'azote a évolué pour toucher des groupes d'âge plus large, incluant collégiens et étudiants. Bien que sa vente aux mineurs soit interdite depuis 2021, il reste incroyablement accessible sur le marché, avec des bonbonnes commercialisées entre 20 et 30 euros, générant ainsi un coût d'environ 25 centimes par ballon. Les réseaux sociaux, que ce soit Snapchat ou TikTok, sont devenus des plateformes privilégiées pour les dealers, créant un climat de promotion autour de cette substance, allant même jusqu'à concocter des arômes « fruités » pour séduire les jeunes consommateurs, comme l'indique l'Ofast.
Une enquête de l'OFDT révèle que 2,3 % des jeunes de 17 ans ont déjà expérimenté ce gaz, un chiffre qui grimpe à 5,5 % pour les élèves de troisième, alors que la consommation atteint près de 6,7 % dans la population générale, notamment parmi les 18-34 ans.
Émergence de réseaux de trafic organisés
Les forces de l'ordre rapportent une montée en puissance des réseaux de distribution structurés. Des opérations récentes, comme celle ayant conduit au démantèlement d'un réseau international à Roubaix, ont révélé des quantités alarmantes de protoxyde d'azote, accompagnées d'autres substances illicites telles que la kétamine et le cannabis. Cela montre que le protoxyde d'azote attire maintenant l'attention des dealers traditionnels, qui se diversifient.
Les dangers associés à cette substance ne doivent pas être sous-estimés. Des incidents d'asphyxie, de désorientation et même de cas mortels ont été documentés. En 2023, l'ANSM a enregistré 472 signalements liés à son utilisation, marquant une augmentation significative par rapport aux années précédentes. Près de 10 % de ces signalements concernent des mineurs, tandis que 59 % d'entre eux évoquent une consommation prolongée.
Des mesures en attente
Le défi de la régulation est important, puisque le protoxyde d'azote est classé comme une substance vénéneuse plutôt que comme un stupéfiant. Cela complique considérablement les efforts des autorités pour sanctionner les trafics. De nombreux policiers tentent d'appliquer des infractions connexes pour contrôler cette problématique, mais la situation actuelle a conduit à une faible probabilité de condamnation.
Alors que les autorités continuent d'appeler à une prise de conscience collective sur les dangers du protoxyde d'azote, il est essentiel que les parents, les éducateurs et les professionnels de la santé se coordonnent pour discuter des risques liés à cette substance dangereuse.







