PODCAST - En 1978, s'ouvre à Aix-en-Provence un procès qui marquera les esprits et la législation française. Trois hommes sont jugés pour avoir violé deux femmes, une affaire qui illustre à la fois l'évolution de la justice et la résistance face aux violences faites aux femmes. L'avocate Agnès Fichot, qui était la collaboratrice de la célèbre Gisèle Halimi, se souvient de cet événement crucial tout en faisant le lien avec le procès des Viols de Mazan, qui a eu lieu en 2025.
Lors de ce procès emblématique, Agnès Fichot se remémore sa présence aux côtés de Gisèle Halimi, un pilier dans la lutte pour les droits des femmes. Les deux plaignantes, Anne Tonglet et Aracelli Castellano, étaient des touristes belges, victimes d’une agression sauvage alors qu’elles campaient en pleine nuit dans une calanque près de Marseille. Fichot évoque l’ambiance hostile du procès, où les insultes fusaient à l’encontre des victimes : « Nous étions traitées de salopes, de gouines, et la violence était omniprésente », se souvient-elle, comme rapporté par France Info.
Près de 50 ans plus tard, l’affaire des Viols de Mazan a remis sur le devant de la scène les luttes des victimes face à un système judiciaire souvent complice des agresseurs. En 2024, Gisèle Pelicot, victime emblématique de cette affaire, a abattu les murs du huis-clos en demandant une audience publique. « Je voulais lui témoigner tout mon respect », confie Fichot, admirative du courage de Pelicot.
J'entendais les mêmes mots
Agnès Fichot
Lors de ce procès, Fichot a été frappée par la similarité des discours tenus par la défense des accusés avec ceux entendus en 1978. « Plus j'écoutais, plus je réalisais avec une tristesse profonde que rien n'a vraiment changé. J'entendais toujours les mêmes mots, la même testostérone », déclare-t-elle, visiblement indignée par ce constat. Ce sentiment de désespoir face à la stagnation des mentalités est partagé par de nombreux experts en droit et en féminisme, comme l’illustre le commentaire de la sociologue Cécile Alduy, qui dénonce une culture qui continue à culpabiliser les victimes.
En tirant un bilan de ces affaires, Agnès Fichot appelle à une prise de conscience collective et à un véritable changement des mentalités. Les luttes pour les droits des femmes, bien que parfois perçues comme avançant lentement, continuent affecter la société française, en espérant un avenir où les victimes seront entendues et soutenues sans remise en question de leur intégrité.







