L'ex-PDG de France Télécom, Didier Lombard, âgé de 83 ans, ainsi que ses deux anciens collaborateurs, ont été dépouillés de leurs distinctions honorifiques, comme en témoigne les décrets publiés récemment au Journal officiel. Cette décision fait suite à leur condamnation pour des pratiques de harcèlement moral ayant conduit à des tragédies au sein de l'entreprise.
Le décret du Président, daté du 2 décembre 2025, stipule que Lombard est désormais exclu de l'ordre de la Légion d’honneur et a perdu le droit de porter des décorations françaises ou étrangères. Louis-Pierre Wenès, son ancien seconde, partage le même sort, ayant vu sa peine de prison avec sursis confirmée par la cour d'appel.
Avec un passé aux manettes de l'entreprise devenue Orange depuis 2013, Lombard et Wenès étaient jugés responsables d'une politique destructrice ayant provoqué un véritable désastre humain. Leurs actions ont été qualifiées de « départs en marche forcée », entraînant des conditions de travail dégradées pour des milliers d'employés, et culminant tragiquement avec une série de suicides, dont celui de Michel Deparis en 2009, qui avait désigné l'entreprise comme responsable dans une lettre poignante.
En septembre 2022, la cour d'appel avait également infligé une peine d'un an de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende sur la base de leur implication dans des atrocités psychologiques infligées aux employés.
Exclusion supplémentaire des décorations nationales
La grande chancellerie souligne, dans son règlement, que toute condamnation pénale peut justifier une exclusion de l'ordre. Au même titre que Lombard, Olivier Barberot, l’ex-DRH de l'entreprise, a également perdu son insigne de la Légion d’honneur. Brigitte Dumont, ancienne directrice adjointe, a subi le même sort.
Cette mesure répondait à une demande pressante de la CFE-CGC Orange, un syndicat coûteux pour les anciens cadres, qui a exprimé que conserver ces distinctions serait une injure pour les victimes des tragédies survenues.
Une restructuration brutale sur fond de souffrance humaine
Les restructurations mises en place à partir de 2006, à la suite de la privatisation de France Télécom en 2004, ont été décrites comme ayant un impact dévastateur sur les employés, avec des milliers laissés à la merci de méthodes de travail abusives. L’entreprise a été sanctionnée pour avoir abusé de son pouvoir, devenant la première société cotée au CAC 40 condamnée pour harcèlement moral institutionnel, avec une amende record de 75 000 euros.
Les experts s'accordent à dire que ce qui a eu lieu chez France Télécom ne doit jamais se reproduire. Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général de Force Ouvrière, a déclaré à la presse que les décisions prises à cette époque devraient servir d'avertissement pour toutes les entreprises cherchant à opérer dans le respect de la dignité humaine. Comme le soulignent les résultats de l'enquête sécuritaire, ces tragédies mettent en lumière la nécessité d'un contrôle accru des pratiques managériales visant à préserver la santé mentale des employés.







