Christian Nègre, ancien directeur des ressources humaines au ministère de la Culture, est au cœur d'une affaire à la fois troublante et choquante. Accusé d'avoir drogué près de 200 femmes lors d'entretiens professionnels avec un diurétique, il aurait pour but de les contraindre à uriner devant lui. Les faits se seraient déroulés entre 2009 et 2018, laissant derrière eux une traînée de traumatismes sans précédent.
Selon des données recueillies par les enquêteurs, Nègre se servait d'un simple café ou d'un thé pour administrer les diurétiques à ses victimes. Après un court détour, il revenait avec la boisson contaminée, poussant ses interlocutrices à se soumettre à des humiliations profondes, parfois en les photographiant. Ces actes d'une cruauté indicible sont désormais sous le microscope des autorités judiciaires, mais la lenteur du processus suscite l'inquiétude parmi les victimes.
Mise en examen en 2019 pour "administration de substance nuisible" et "agression sexuelle", Nègre continue de travailler dans le secteur des ressources humaines, ce qui pose des questions dérangeantes sur la sécurité des victimes potentielles.
Des témoignages poignants, comme celui de Hiyam, une des victimes, traduisent le sentiment de désespoir et d'invisibilité : "On a le sentiment de n'être rien, d'une impunité." Ces paroles résonnent fort dans le débat public, renforcées par les préoccupations de la Fondation des Femmes, qui dénonce le faible engagement de la justice face à un dossier d'une telle ampleur. "Il semble que l'agresseur présumé continue d'avoir des responsabilités dans le domaine des ressources humaines, une situation totalement inacceptable", affirme une représentante de l'association.
Actuellement, la justice peine à gérer un dossier où le nombre de victimes s'élève à 197, rendant la situation encore plus complexe. Une réunion est prévue début 2026 pour informer les parties civiles sur l'avancement du dossier. Bien que certains aient pu obtenir des indemnisations, comme cette ancienne candidate à un poste au ministère, condamnée à subir une expérience aussi humiliante, la frustration demeure face à un système judiciaire débordé. Comme l'explique un ancien procureur, "la lenteur des procédures peut souvent être vécue comme une seconde victimisation pour les plaignantes".
Dans ce climat d'angoisse et d'incertitude, les voix des victimes doivent continuer à être entendues, car leur combat est aussi celui de toutes les femmes qui aspirent à un environnement de travail sûr et respectueux.







