Dans le Sud-Ouest de la France, l'indignation des agriculteurs ne faiblit pas. Ce week-end, plusieurs routes sont mises à l’arrêt, conséquence de leur lutte désespérée contre l’abattage de leurs bovins, contaminés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Le gouvernement, de son côté, défend sa stratégie tout en annonçant une campagne de vaccination visant un million de bovins supplémentaires.
Plus de 150 km de l'autoroute A64, reliant Bayonne à Tarbes, sont bloqués depuis vendredi soir, créant d'importants désagréments pour les usagers. Léon Thierry, coprésident de la Coordination rurale des Pyrénées-Atlantiques, a exprimé son désaccord : "Il est inacceptable d'abattre des bêtes saines uniquement parce qu'elles font partie d'un troupeau d'où provient un cas de maladie," a-t-il déclaré à l'AFP, tout en mobilisant une dizaine d'éleveurs et bientôt une quarantaine de tracteurs sur l'A64.
En parallèle, d'autres point de blocage ont été signalés à Carbonne en Haute-Garonne, ainsi que deux autres actions à Auch et en Ariège, où la tension a grimpé avec l'euthanasie d'un troupeau local. Ce climat de mécontentement s'est amplifié suite à des rassemblements à Mont-de-Marsan, où des manifestants ont brûlé des pneus en signe de protestation.
Au niveau national, la situation semble critique, avec une dizaine de blocages en cours et une vingtaine d'actions de protestation. Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, a annoncé des mesures de vaccination visant à protéger les éleveurs : "Nous allons vacciner près d'un million d'animaux en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie." Cette initiative fait suite à une première campagne de vaccination entamée le 18 juillet, qui avait déjà permis de protéger un million de bovins.
Les vaccinations ciblent les zones réglementées allant de la côte Atlantique à la Méditerranée, touchant plusieurs départements comme les Pyrénées-Orientales et la Haute-Garonne. Depuis l’apparition de la DNC en juin en France, l'État a mis en œuvre une politique controversée, incluant l'abattage systématique des animaux dans les foyers contaminés et des restrictions sur le mouvement des troupeaux, peignant ainsi un tableau de crise pour le secteur.
Marie-José Saurin, vétérinaire et experte en santé animale, soutient cette approche : "L'abattage des animaux malades, bien qu'hard, est essentiel à la lutte contre cette maladie," explique-t-elle, bien que des voix s'élèvent contre cette stratégie. La Coordination rurale et la Confédération paysanne, habituellement en désaccord, unissent leurs forces pour réclamer un changement de politique vers une vaccination élargie, tandis que la FNSEA préconise le maintien de l'abattage total.
Les enjeux de cette crise sanitaire s'inscrivent également dans un contexte plus large, exacerbés par d'autres préoccupations agricoles telles que les accords commerciaux du Mercosur et les menaces pesant sur le budget de la Politique Agricole Commune (PAC) européenne. En effet, les préoccupations des agriculteurs, face à la pression croissante des mesures gouvernementales, soulignent une fracture profonde dans le secteur.







