Dans un contexte d’austérité budgétaire, où les subventions publiques s’érodent progressivement, les modèles traditionnels de financement des associations commencent à montrer leurs limites. Thomas Chevallier, sociologue et chercheur au FNRS, évoque la nécessité impérieuse de réinventer ces mécanismes pour préserver la vitalité du secteur associatif.
Historiquement, les associations en France ont principalement reposé sur des subventions. Bien que des dons privés existent, ils restent peu courants. Actuellement, nous assistons à une transition d’un modèle basé sur les « subventions de fonctionnement » vers un système de « commande publique », où les financements sont souvent attribués après appels d'offres. Cette évolution, décrite par la juriste Brigitte Clavanier, engendre un brouillage des notions de subvention et de autonomie associative.
« Le gouvernement actuel privilégie un financement qui ne risque pas de contrarier ses directives », souligne Chevallier. Dans un climat où toute critique envers l'État pourrait être mal perçue, les associations se retrouvent dans une situation délicate, oscillant entre pression et nécessité d’adaptation. Ce contexte tend à les pousser vers des financements privés, qui suscitent des réticences au sein du milieu associatif. Pourtant, ces ressources peuvent provenir de fondations engagées dans des causes d’intérêt général.
En Belgique, à titre de comparaison, les subventions sont considérées comme un droit, ce qui offre une sécurité plus importante aux associations. En France, en raison de la discrétion des subventions, les professionnels s'accordent à dire qu'il est urgent de redéfinir les mécanismes financiers du secteur, en mettant par exemple l'accent sur la culture du don et l'adhésion.
Enfin, alors que de nombreux acteurs du secteur sont inquiets des implications de la dépendance aux financements privés, Chevallier invite à revoir notre appréhension de l'argent. Ce dernier ne devrait pas être synonyme de compromission, mais plutôt un moyen d'assurer la pérennité d’initiatives d'intérêt public. Le discours doit évoluer pour permettre aux associations d'évoluer en toute indépendance et d’assumer pleinement leur rôle de contre-pouvoir.







