Le parlement algérien s'apprête à voter, mercredi, sur une proposition de loi qualifiant la colonisation française de "crime d'État". Ce texte, qui pourrait être adopté sans surprise, demande aussi à la France des excuses officielles, soulevant des débats passionnés dans un contexte de tensions persistantes entre les deux pays.
En plus des excuses, la loi réclame également des indemnisations et accuse l'État français de porter la "responsabilité juridique" des violences et des tragédies du passé colonial en Algérie. Avec cette initiative, l’Assemblée populaire nationale souhaite envoyer un message fort : la mémoire nationale algérienne est inaltérable.
Brahim Boughali, président de l'APN, a déclaré que cette loi représente "un acte souverain par excellence". Bien que la portée juridique de ce texte reste limitée, notamment selon Hosni Kitouni, historien à l'université d'Exeter, son impact politique et symbolique pourrait marquer un tournant significatif dans les relations mémorielles entre l'Algérie et la France.
La colonisation française (1830-1962) a été marquée par des violences extrêmes : massacres, destructions de structures socio-économiques, et une guerre d'indépendance (1954-1962) qui a fait des millions de victimes selon les estimations algériennes.
En 2017, Emmanuel Macron, lors de la campagne électorale française, avait reconnu les actes coloniaux comme des "crimes contre l'humanité", engageant le pays à une réflexion sur ce passé douloureux. Cependant, des déclarations ultérieures et des débats au sein même du gouvernement français ont ravivé les tensions, notamment suite aux interrogations sur l'identité nationale algérienne avant la colonisation.
Ce vote survient également dans un contexte de crise diplomatique. La reconnaissance, par la France, d'un plan d'autonomie pour le Sahara occidental a exacerbé les relations entre Paris et Alger, selon des analystes. Les revendications algériennes incluent aussi la décontamination des sites nucléaires où la France a réalisé des essais entre 1960 et 1966, ajoutant une autre couche à un passé déjà lourd de conséquences.
En somme, bien que ce texte prenne la forme d'une résolution symbolique, il pourrait également résonner comme un appel à la reconnaissance des douleurs historiques communes et pourrait établir de nouveaux cadres de dialogue entre l'Algérie et la France, une nécessité soulignée par de nombreux experts sur le sujet.







