Après la tempête médiatique du #MeToo français, le cinéaste Christophe Ruggia se retrouve de nouveau devant la justice. Jugé en appel ce vendredi à Paris, il est accusé d'agressions sexuelles sur l'actrice Adèle Haenel, alors mineure. Le réalisateur de 60 ans a déjà été condamné en première instance à quatre ans de prison, dont deux avec surveillance électronique.
Cette affaire a débuté en novembre 2019, lorsque Haenel a dénoncé des actes d'agression qui auraient eu lieu entre 2001 et 2004, alors qu'elle n'était qu'une adolescente. Lors du tournage de "Les diables", son premier film, elle a vécu des interactions qu'elle décrit comme "totalement anormales", marquées par l'emprise du réalisateur sur une jeune comédienne naïve.
Dans ses déclarations, l'actrice a relaté des comportements inappropriés de Ruggia, évoquant des caresses répétées et non consenties. "Mon corps se crispe, je me recroqueville", a-t-elle témoigné lors de son intervention en première instance. Des mots puissants qui résonnent au-delà de la salle d'audience.
Ruggia, pour sa part, dément catégoriquement ces accusations, qualifiant le récit de Haenel de "mensonge pur". "Je n'ai jamais ressenti d'attirance pour elle", a-t-il affirmé. Ce rejet des faits a exacerbé la tension lors du procès, entraînant des échanges vifs entre les deux protagonistes.
Le jugement de première instance a souligné que Ruggia avait abusé de son autorité en tant que réalisateur pour exercer une emprise sur Haenel, la rendant vulnérable face à ses avances.
Cette affaire illustre les questions plus larges sur le pouvoir et l'abus dans le milieu du cinéma. Comme l'a souligné une analyse du quotidien *Le Monde*, ce cas n'est pas isolé et révèle une culture de la peur chez les jeunes actrices. Les experts s'accordent à dire qu'il est impératif d'évoluer vers de meilleures protections pour les talents émergents.
Depuis le début de cette affaire, Adèle Haenel a choisi de quitter le monde du cinéma pour se consacrer au théâtre et à des engagements politiques. Elle a récemment exprimé son indignation face à la complaisance de l'industrie envers les agresseurs, soulignant qu'il est temps de prendre des mesures concrètes pour changer ce milieu. Comme elle l'écrivait dans *Télérama*, "Il faut dénoncer la complicité du secteur vis-à-vis des abus, et se battre pour un environnement respectueux".
Alors que le procès en appel s'ouvre, le regard de l'opinion publique se tourne de nouveau vers ces questions essentielles, rappelant que les voix des victimes doivent être entendues et respectées dans toutes leurs complexités.







