Une enquête judiciaire a été ouverte à Paris pour un vol présumé d'uranium sur un site au Niger, auparavant géré par la société française Orano. Le parquet a confirmé l'information à l'AFP, suggérant que cette affaire pourrait impliquer des motivations liées à des puissances étrangères.
Depuis la nationalisation du site par la junte militaire peu de temps après, la tension entre cette dernière et Orano n'a cessé d'augmenter. Alors que la junte, au pouvoir depuis juillet 2023, a décidé de mettre sur le marché l'uranium de la Société des mines de l'Aïr (Somaïr), des mouvements d'uranium ont été signalés, suscitant des inquiétudes.
Fin novembre, Orano avait informé qu'un chargement d'uranium avait quitté le site de la Somaïr, situé à Arlit. Ce développement est symptomatique d'un conflit plus large entre l'ex-puissance coloniale et les nouvelles autorités du Niger, qui cherchent à établir des relations économiques avec d'autres pays comme l'Iran ou la Russie. Le général Abdourahamane Tiani, leader de la junte, a déclaré en novembre dernier : "Nous avons le droit de disposer de nos richesses naturelles en toute indépendance."
Avant cette crise, Orano détenait 63,4% de Somaïr, l'État nigérien en possédant 36,6%. Depuis la perte de contrôle de ses opérations en décembre 2024, Orano a engagé des procédures d'arbitrage contre le Niger. Une décision de justice en septembre avait déjà interdit au Niger de vendre l'uranium produit par Somaïr.
Des rapports d'un collectif de journalistes ouest-africains, Wamaps, mentionnent que près de 1000 tonnes d'uranium non enrichi auraient quitté Arlit, avec des camions repérés près de l'aéroport de Niamey. Ces informations soulèvent des questions concernant la destination finale de cette cargaison, qui pourrait être destinée au port de Lomé au Togo, après un transit par le Burkina Faso.
Interrogé, Orano a affirmé ne pas connaître actuellement la quantité exacte ou la destination de l'uranium, bien qu'il soit issu de stocks d'uranium traités dans ses installations. La valeur marchande de ces stocks est estimée à près de 310 millions de dollars. Alors que le monde observe cette situation avec attention, la prudence est de mise, car la redéfinition des alliances pourrait redessiner la carte géopolitique de la région.







