Le tribunal correctionnel de Paris s'apprête à rendre son jugement le 13 avril 2026 dans l'affaire Lafarge. La société et huit de ses anciens dirigeants sont accusés d'avoir facilité des versements à des groupes jihadistes en Syrie afin de maintenir l'activité de leur cimenterie durant un conflit armé.
Depuis l'intégration de Lafarge au sein du groupe suisse Holcim en 2015, l'affaire a retenu l'attention de l'opinion publique et des spécialistes du droit, notamment en raison des accusations de financement du terrorisme formulées à l'encontre de l'ancien PDG, Bruno Lafont, et de plusieurs autres responsables au sein de l'entreprise. Ces derniers sont soupçonnés d'avoir alimenté, par le biais de leur filiale Lafarge Cement Syria (LCS), des groupes armés tels que l'État islamique et Jabhat al-Nosra.
Au cours de cinq semaines de procès, des témoignages ont souligné le choix délibéré de l'entreprise de rester en Syrie, alors que la plupart des autres sociétés étrangères avaient choisi de quitter le pays. Les avocats de la défense ont plaidé pour la relaxe, invoquant le contexte chaotique et la complexité de la situation sur le terrain. Me Solange Doumic, avocate d'un ancien cadre, a déclaré que son client a agi dans des circonstances très difficiles, tentant de naviguer entre les différentes factions impliquées dans le conflit.
Les procureurs ont, quant à eux, insisté sur la gravité des faits, réclamant jusqu'à huit ans de prison pour certains prévenus. En particulier, ils ont requis une peine de six ans de prison ferme pour Bruno Lafont, parlant d'un choix « cynique » motivé par des considérations économiques. Cette demande a suscité des réactions vives dans les médias, certains commentateurs soulignant qu'une telle perspective pourrait marquer un tournant dans la délivrance de responsabilité aux institutions commerciales à l'échelle internationale.
Enfin, les avocats de Lafarge ont tenu à rappeler les efforts déployés par l’entreprise depuis les révélations, mentionnant une enquête interne et un changement significatif de la direction. Cette affaire, qui interroge la place de l'éthique dans le monde des affaires, continuera de faire couler beaucoup d'encre, surtout à l'approche du jugement final.







