Lucie C., figure controversée du jihadisme français, a été condamnée à huit ans de prison par la cour d'assises spéciale de Paris pour avoir intégré les rangs de Daesh en Syrie en 2014. Âgée de 38 ans, elle fait partie des premières personnes rapatriées de Syrie en 2022 après avoir passé trois ans dans des camps du nord-est du pays.
La peine de huit ans imposée par le tribunal est inférieure aux douze années requises par le procureur mais s'accompagne d'une obligation de soins et d'un suivi socio-judiciaire de cinq ans, stipulant également qu'elle doit travailler. Pendant le procès, deux de ses enfants, nés en France, ont été reconnus comme parties civiles. Lucie C. a été jugée pour « participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteintes aux personnes », un chef d’accusation qui souligne la gravité de ses actes.
Un parcours complexe et radicalisé
Lucie C. a grandi dans une famille non pratiquante et a décrit une enfance marquée par la peur de son père. Pour fuir ce milieu, elle a quitté son foyer dès sa majorité pour s'installer avec un petit ami. Peu de temps après, son entourage a commencé à se radicaliser, notamment son frère et son partenaire, qui ont développé une vision extrémiste de l'islam. Selon des sources du renseignement français, environ 23 % des individus ayant rejoint la zone irako-syrienne sont des convertis, tout comme Lucie.
En septembre 2014, elle quitte la France pour la Syrie, à une période charnière où le califat de Daesh est proclamé. Sur place, elle déclare se sentir « à sa place » et « mieux vivre » dans des conditions qu'elle juge favorables, grâce à la position de son partenaire dans l'organisation.
Une conviction extrême
Son compagnon occupait effectivement un rôle majeur au sein du système sécuritaire de Daesh, participant tant à la police des mœurs qu'à l'appareil de renseignement. Au cours de son procès, Lucie a exprimé avoir été profondément « endoctrinée » et « radicalisée ». Ses lettres à sa famille témoignent d’un état d’esprit engagé, où elle se disait prête à mourir « la tête haute » lorsque Raqqa a été encerclée en 2017.
Finalement, évincée de Raqqa dans des conditions précaires, elle a dû survivre dans des abris rudimentaires avant de se rendre, en février 2019. Ce parcours soulève des questions sur le phénomène des revenants de Daesh, des tranches de vie marquées par la radicalisation et la nécessité d'une réinsertion sociale et psychologique réussie.
Les experts s'interrogent sur comment gérer ces individus, souvent atteints de traumas, dans un cadre judiciaire approprié. Les opinions divergent quant à la réhabilitation de tels profils, mettant en lumière la complexité de la radicalisation et ses conséquences pour les sociétés européennes.







