Dans un contexte de fragilité du secteur agricole français, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a pris une posture résolue ce lundi en lançant un Loud appel à toute la chaîne alimentaire. Lors d'une rencontre au marché de Rungis, elle a évoqué une « guerre agricole » en gestation, exhortant à une action collective pour préparer un avenir incertain.
Genevard a martelé que la situation globale, exacerbée par des crises telles que le conflit en Ukraine et des tensions commerciales avec les États-Unis et la Chine, mettait en péril la prospérité de l'agriculture française. « La guerre agricole menace chaque jour un peu plus et il est temps d'agir », a-t-elle déclaré, pointant du doigt une balance commerciale qui pourrait devenir déficitaire pour la première fois en près de 50 ans, d'ici 2025.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : entre 2014 et 2022, les investissements en agriculture et en alimentaire en Chine et aux États-Unis ont grimpé de 40% et 86% respectivement, tandis que ceux de l'Union européenne ont chuté de 19%. Genevard évoque cela comme une « erreur historique », appelant à résister aux tentations de décroissance promues par certains qui prônent un retour en arrière.
Devant un auditoire composé de 200 parties prenantes du secteur agro-alimentaire, elle a annoncé l'ouverture de « conférences de la souveraineté alimentaire », un projet ambitieux intégré dans la loi d'orientation agricole de mars 2025. Ce cycle de discussions s'étalera sur plusieurs mois, incluant des acteurs de différentes filières, avec des conclusions attendues en juin 2024. Un point d'étape est également prévu lors du Salon de l'agriculture en février prochain.
Cette initiative a été largement saluée par des acteurs du secteur, dont Dominique Chargé, président de la Coopération Agricole, qui a trouvé le discours « volontaire et réaliste ». Cependant, les grandes organisations syndicales, à l'exception des Jeunes Agriculteurs, demeurent sceptiques, la FNSEA ayant boycotté l'événement, le qualifiant d'« opération de communication ».
Certains acteurs de la filière craignent que ces conférences ne parviennent pas à générer les décisions urgentes nécessaires. D'autres voix, telles que celle d'Aurélie Catallo, experte à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), soulignent des « incohérences » dans la rhétorique du gouvernement, pointant des limites physiques et des rendements stagnants.
Dans ce contexte, le sentiment général parmi les professionnels du secteur est que des décisions concrètes sont désormais indispensables. Au cours des dernières années, de nombreux plans de souveraineté ont été lancés, mais beaucoup s'interrogent sur l'efficacité de ces nouvelles conférences. Le Monde évoque également la création d'un « fonds souverain agricole » et un souhait de « patriotisme alimentaire », pour promouvoir les produits français, en particulier bio.
Face à l'urgence de la situation, Genevard a insisté sur la nécessité pour la France de se préparer à des choix difficiles, tout en se disant prête à interdire l'importation de produits européens contenant des substances interdites, si l'Europe ne prend pas les mesures nécessaires. Ce débat sur la souveraineté alimentaire ne se limite pas à la France, car des initiatives similaires émergent dans d'autres pays européens pour répondre aux bouleversements alimentaires globaux, comme le souligne le Parisien.







