La Syrie entame une nouvelle ère monétaire avec l'introduction de billets de banque illustrés de roses, d'oranges et d'olives, abandonnant ainsi l'effigie de l'ancien président Bachar al-Assad. Cette décision, annoncée par le président Ahmad al-Chareh, un ancien jihadiste devenu chef d'État, marque un tournant significatif après des années de conflit et d'isolement économique.
« Cette nouvelle monnaie représente la fin d’une phase que nous ne regrettons pas et le début d’une aspiration collective vers un avenir meilleur », a déclaré Al-Chareh lors d'une conférence de presse. Il souligne que ces changements symbolisent une rupture nette avec le culte de la personnalité qui a régné sous le régime Assad.
Les nouveaux billets, qui seront émis en coupures de 10 à 500 livres syriennes à partir de janvier, se distingueront également par la suppression de deux zéros pour faciliter les transactions quotidiennes. « La réforme monétaire est essentielle pour redynamiser l'économie et restaurer la confiance dans notre monnaie », ajoute le président.
La livre syrienne a de fait perdu plus de 90% de sa valeur depuis le début de la guerre civile en 2011, atteignant des taux alarmants de 10.000-11.000 livres pour un dollar. « Les habitants doivent souvent transporter des liasses entières de billets pour des achats basiques », explique Laila Hamad, économiste à Damas. Beaucoup utilisent préférentiellement le dollar américain en raison des difficultés monétaires.
Ce changement survient alors que les États-Unis lèvent les sanctions économiques, ouvrant la voie à d’éventuels investissements, comme l’a rapporté Le Monde. Des experts prévoient que les nouvelles coupures pourraient être imprimées en Europe, un changement notable par rapport à l'ancienne pratique d'impression en Russie, le soutien historique du régime.
« La Syrie mérite une économie solide et une monnaie stable », conclut Al-Chareh, exprimant l'espoir que cette réforme incitera les Syriens à retrouver confiance dans leur économie. La fusion de l'identité nationale avec des symboles naturels comme ceux choisis pour le nouveau design pourrait offrir une nouvelle dynamique à la société syrienne, souvent marquée par la division et le ressentiment.







