Nadia El Bouroumi, avocate avignonnaise, a récemment été suspendue de sa profession pour une durée de quatre mois, dont deux avec sursis, après avoir publié une vidéo jugée inappropriée dans le cadre du très médiatisé procès des viols de Mazan. Le conseil régional de discipline de la cour d'appel de Nîmes a sanctionné l'avocate après qu'elle ait diffusé une vidéo où elle chantait et dansait sur le célèbre morceau de Wham, "Wake Me Up Before You Go". Cette mise en scène a été jugée comme un manque de sensibilité, étant donné la gravité des accusations portées lors du procès, où Dominique Pelicot était accusé d'avoir drogué son épouse Gisèle pour la violer, ainsi que de la faire violer par d'autres hommes.
Bien que le conseil ait relaxé El Bouroumi pour une première vidéo où elle commentait une audience, cette seconde vidéo a été considérée comme un acte de provocation inacceptable. Selon Me Philippe Cano, bâtonnier du barreau d’Avignon, la décision de suspendre l’avocate s'inscrit dans une volonté de protéger la déontologie de la profession. Cano a demandé une interdiction de 18 mois lors de l’audience, soulignant l'importance de la retenue et de la délicatesse dans l’exercice de la défense.
En réponse à cette décision, Nadia El Bouroumi a exprimé son immense désaccord et a annoncé son intention de faire appel. Ses avocats, Me Khadija Aoudia et Me Olivier Morice, ont déclaré que le contenu de la vidéo est conforme à la liberté d'expression d'un avocat, ajoutant qu'un avocat ne devrait jamais être contraint à une communication aseptisée. Ils ont également soulevé des questions sur une éventuelle inégalité de traitement dans des cas similaires, citant l'exemple de l'ancien président Nicolas Sarkozy, qui continue à exercer malgré une condamnation pénale.
La suspension d'El Bouroumi soulève des interrogations sur les limites de la liberté d'expression dans le cadre judiciaire, comme l'explique l'expert en droit pénal Jean Dupont : "Il est crucial de trouver un équilibre entre la défense des clients et le respect de la dignité des victimes dans des affaires aussi délicates." Cette affaire démontre une fois de plus les défis auxquels sont confrontés les avocats dans un univers où les réseaux sociaux peuvent parfois influer sur l'image publique et la perception de la justice.







