Après treize années de conflit dévastateur, les habitants d'Alep, une ville emblématique du conflit syrien, constatent avec une mélancolie teintée d'espoir la tentative de reconstruction de leur quotidien. En ce jour marquant, un an après la chute de Bachar al-Assad, Alep a ouvert les portes de l'un de ses célèbres souks, redonnant du baume au cœur des Alépins. Sous l'œil bienveillant du gouverneur Azzam al-Gharib, ancien chef djihadiste, la réouverture de ce marché vibrant est annoncée comme un nouveau départ pour une ville qui reste profondément marquée par les cicatrices de la guerre.
Malgré l'enthousiasme palpable, la réalité économique est préoccupante. Alors que les festivités battent leur plein, des voix s'élèvent pour rappeler les défis persistants. « Les prix du pain ont grimpé de manière insupportable », déclare un habitant, soulignant l'absence de soutien gouvernemental après la guerre. Le coût de la vie est devenu si élevé que de nombreuses familles peinent à joindre les deux bouts.
D'autres, comme l'instituteur Abdullah al-Hamoud, qui a récemment fait retour après un long exil, font face à des conditions de vie déplorables. « La chaleur de mon pays est là, mais l'indifférence du gouvernement envers nos besoins fondamentaux est préoccupante. La lutte pour la survie continue », confie-t-il, regrettant les coupures d'électricité persistantes et les difficultés d'approvisionnement. Ce que d'aucuns considèrent comme une renaissance est souvent assombrie par des réalités dures et sans pitié.
Pour de nombreux Alépins, l'avenir semble incertain. Près de 90 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, poussant des entrepreneurs comme Abdulfatah Sultan à tenter de relancer l'économie locale, malgré l'absence d'un cadre d'investissement stable. « La reconstruction est une nécessité, mais les obstacles sont nombreux », explique-t-il. Après une décennie d'exil, il constate que même les infrastructures industrielles, essentielles pour l'économie, se trouvent en ruines.
Dans les écoles, un défi semblable se profile à l'horizon. Alors que les classes sont bondées d'élèves revenant de camps de réfugiés, les enseignants font face à l'énorme tâche de rattraper le retard académique. Un sentiment partagé par Rehab al-Hamad, qui remarque un changement dans le programme scolaire, bien qu'il ne suffise pas à couvrir le vide laissé par des années d'instabilité.
Les nouvelles autorités tentent de prouver leur engagement à établir un État de droit. Cependant, la violence et la peur demeurent omniprésentes, et des anciens djihadistes continuent d'être associés à des comportements répréhensibles. Ce climat de peur pousse certains citoyens à déposer des plaintes contre des abus, révélant un léger progrès dans la gestion de la sécurité.
Alep, bien que frémissante sous le poids de ses blessures, se débat pour se redécouvrir. Les voix d'espoir mêlées aux échos de désespoir témoignent d'un pays en quête de stabilité. Comme le souligne un analyste de l'Institut français des relations internationales, « la route vers la paix et la prospérité est longue pour Alep, mais chaque petit pas compte. » Avec l'écheveau de défis à surmonter, les habitants osent rêver d'un avenir meilleur, cultivant la foi que leur ville pourra effectivement se lever de ses cendres.







