Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a récemment présenté un bilan des opérations de fouilles exceptionnelles menées dans les différentes maisons d'arrêt de France, révélant la saisie de 1.789 téléphones, 2.558 objets dangereux et 13 kg de drogues. Cette initiative, lancée à la fin du mois de novembre, vise à renforcer la sécurité des établissements pénitentiaires et à lutter contre le narcotrafic qui persiste en milieu carcéral.
À la prison de la Santé, située à Paris, les fouilles XXL ont permis de mettre la main sur une trentaine de téléphones portables et des quantités significatives de cannabis. Ce discours est partagé par la sénatrice écologiste Anne Souyris, qui a profité d'une visite des lieux pour constater l'état des lieux. Dans le quartier QH5, où 428 détenus sont logés dans des cellules prévues pour 195 personnes, l'ambiance semble étonnamment décontractée. Des détenus cuisinent tranquillement, allant même jusqu'à confirmer que les fouilles ont eu un impact sur le nombre de téléphones disponibles, tout en exprimant un scepticisme palpable quant à leur efficacité réelle.
Les fouilles s'accompagnent d'un plan de sécurisation ambitieux, baptisé "zéro portable en prison", avec un budget de 29 millions d'euros. Ce programme comprend l'installation de filets anti-projection pour limiter l'entrée de colis illicites, une réalité que les surveillants et détenus constatent. Ces derniers admettent que les objets prohibés continuent d'entrer dans la prison malgré les mesures de sécurité. "C'est comme au club Med!", clame un détenu, ponctuant son intervention par l'idée que les fouilles n'enrayent pas le trafic de stupéfiants.
Cette situation est exacerbée par un manque de personnel. Un rapport de France Info indique que dans cet établissement, il n'y a que neuf agents pour surveiller un nombre si élevé de détenus. Dans ce contexte, les surveillants sont eux-mêmes conscients des limites d'une telle opération. Si Gérald Darmanin prend des mesures pour rendre les fouilles plus systématiques, des interrogations subsistent quant à leur impact durable sur la sécurité des établissements pénitentiaires.
La complexité de la problématique de la sécurité en prison semble nécessiter une réflexion plus globale. Les experts de la question pénitentiaire suggèrent des solutions telles que l'amélioration des conditions de détention et un encadrement plus adapté, afin de mordre à la racine des problématiques de trafic. Les fouilles XXL pourraient, en fin de compte, être considérées comme un premier pas, mais pas une solution miracle. Dans les mots de l'un des détenus, "ces opérations sont davantage du cinéma que de vraies solutions." Dans le même registre, le journaliste d'investigation du Monde a souligné que, malgré l'enthousiasme du ministre, les retombées concrètes de ces fouilles restent à prouver.
