Le procès de Lafarge, géant du ciment, est en train de révéler des pratiques qui plongent l'entreprise dans de sérieux ennuis judiciaires. Le parquet national antiterroriste a récemment demandé une amende de 1,125 million d'euros contre Lafarge, tandis que des peines de prison allant jusqu'à huit ans sont requises pour plusieurs anciens dirigeants impliqués dans des agissements suspects en Syrie.
En effet, les responsables de Lafarge sont jugés pour avoir prétendument financé des groupes jihadistes, dont certains sont classés comme terroristes par l'Union européenne. Ces versements, faites à travers la filiale Lafarge Cement Syria, auraient été effectués pour maintenir l'activité d'une cimenterie à Jalabiya en 2013 et 2014, alors que d'autres entreprises avaient quitté le pays déstabilisé par la guerre. Cette situation a été confirmée par divers médias français, note Le Monde.
Le parquet a mis en exergue le rôle clé de Bruno Lafont, l'ex-PDG de l'entreprise, auquel il a été demandé six ans d'emprisonnement, en plus d'une lourde amende de 225.000 euros. En revanche, la peine la plus sévère, atteignant huit ans, concerne un intermédiaire syrien, Firas Tlass, toujours en fuite et sous le coup d'un mandat d'arrêt international.
En parallèle, l'État exige la confiscation partielle du patrimoine de Lafarge, évaluée à 30 millions d'euros, et une amende solidaire de 4,570 millions d'euros pour non-respect des sanctions financières internationales. Ce dossier pose la question de la responsabilité éthique et légale d'entreprises multinationales dans des zones de conflit, un sujet de débat parmi les experts en droit international.
La situation actuelle soulève de vives interrogations sur la manière dont les entreprises doivent naviguer dans les zones de guerre, alors que des voix s'élèvent pour demander des réformes des réglementations commerciales. Comme l'a déclaré François Molins, ancien procureur de la République à Paris, "la transparence et l'éthique dans les affaires sont essentielles pour maintenir l'intégrité des entreprises sur la scène internationale".







